JEUDI, 18 MARS 1943
L'AMI DU PEUPLE
PAGE TROIS
L5Ami de Peuple
JOURNAL RBGIONAl Df I �ONTARIO NORD
R�dacteur en chef: Camille Lemieux G�rant: Arthur Charette
137, rue Notre-Dame Sudbury, Ont. T�l. 3-0700
Seul responsable du journal: Camille Lemieux
L'"Ami du Peuple" para�t tous les jeudis. II est '>mprim� � Rouyn, province de Qu�bec, aux ateliers de "La Fronti�re", ^'abonnement est de $2 par ann�e.
Sudbury, Ont., jeudi, 18 mars 1943
Cette Europe � reconstruire
Il s'agira en somme d'une entreprise de g�ographie cordiale. Or, le coeur plus que la t�te dresse les g�ographies; et c'est ce dont le monde se meurt. Pourtant, il y a plusieurs mani�res d'�tre cordial. La meilleure ne serait-elle pas de laisser la t�te diriger le coeur?
Voil� ce que je serais tent� de proposer � ceux qui auront � refaire une carte de l'Europe. Ils devront d'abord �crire en grosses lettres: "Le mieux est souvent l'ennemi du bien." D'o� ils sauront pr�f�rer aux solutions les plus belles les solutions les plus possibles.
D'abord, il y aura une France.' Une France avec toutes ses c�tes et ses fronti�res naturelles. Il faudra se pr�occuper d'abord de la France, parce que, sans la France, il n'y a plus d'Europe. Une France avec moins de colonies peut-�tre, mais avec plus de coh�rence interne. Le malheur aura apais� les vieux griefs, et le besoin de reconstruire entra�nera l'union des volont�s.
Puis, il y aura une Angleterre. Une Angleterre qui appartiendra au citoyen anglais, � ce grand d�daign� dont Chesterton a si bien parl�. Une Angleterre qui sera forte parce qu'elle aura souffert et perdu des capitaux; qui ne lui ont d'ailleurs jamais appartenu en propre et que ces messieurs du "bedit" et du grand commerce avaient pris l'habitude d'utiliser contre elle et contre ces autres infortun�s qu'on persiste � nommer coloniaux.
Il y aura aussi une Allemagne. Une Europe sans Allemagne est devenue impensable. Il faut d'ailleurs qu'il y ait une Allemagne pour pr�server � jamais l'ouest de l'envahissement des hordes rus-, ses. Il y aura une Allemagne pour les Allemands, et esp�rons que Hitler fera une bonne mort.
Evidemment, la grande tentation des Europ�ens qui se r�uniront autour du futur tapis vert�qui n'est peut-�tre pas pr�s de recouvrir une table de d�lib�rations de paix�sera de diviser l'Allemagne: fauteur de discordes imp�nitent. Pourtant, je crois qu'il faudra repousser cette id�e. Dor�navant, l'Allemagne est centr�e sur Berlin comme la France sur Paris. Qu'on le veuille ou non, l'unit� allemande est arriv�e � maturit� et d�cid�ment enracin�e dans un vouloir-vivre national. Il serait dangereux et peu diplomatique de cr�er en Europe un foyer de malaise qui pr�parerait sourdement une autre guerre.
Il y aura une Autriche. La Conf�d�ration des pays centraux prendra volontiers ce nom, qui garde encore une part de son antique prestige. Cet empire tampon, entre l'Allemagne et la Russie, s'�tendra de la Baltique � l'Adriatique et amalgamera l'ancienne Pologne�qui s'est av�r�e non viable une fois de plus�l'ex-Tch�coslovaq�ie, qui ne peut subsister seule, l'Autriche et la Hongrie, et aussi les non-Serbes de Yougoslavie. Cette conf�d�ration, qui en vaudra bien d'autres, pr�servera l'Allemagne des entreprises belliqueuses des Prussiens et fera songer la nouvelle Russie comme elle a fait trembler l'ancienne au cours des si�cles.
Ces Etats-Unis d'Europe, qui sont peut-�tre une panac�e, mais dont Bainville, si j'ai bonne m�moire, a propos� l'id�e bien avant moi, auraient d'ailleurs exist� en 1914, si Lloyd George ,et. Clemenceau n'avaient pas tellement tenu � affaiblir et � morceler des puissances susceptibles de constituer un bloc catholique trop imposant.
Il y aura �videmment une Su�de, une Norv�ge, un Danemark et une Finlande, tout autant qu'une Belgique et une Hollande. Cependant, il n'y aura point sur la Baltique de Lithuanie ind�pendante. Ce pays, discutable et discut�, servira vers le nord-est � la Conf�d�ration austro-polono-hongroise et remplacera avantageusement� par son acc�s � la mer, le malencontreux corridor polonais.
Enfin, il. y aura une Italie, une Espagne et'un Portgual qu'une France moins hautaine saura se rendre sympathique au lieu de se les ali�ner. Quant aux neutres: Irlande, Suisse, etc., ils ne bougeront pas plus qu'ils ne bougent actuellement.
Y aura-t-il encore une Russie? Oui; mais une Ukraine libre saura cette fois exiger-sa place au soleil; car papa Staline lui aussi aura eu l'opportunit� de faire une belle mort.
Voil� la sagesse �l�mentaire que je me permets de souhaiter chaque jour aux membres de la Con-
f�rence Internationale�tous les int�ress�s y seront d'ailleurs invit�s�qui aura � d�cider du sort de la future Europe.
Que de pr�tentions, dira-t-on, pour un amateur! Je dois avouer en effet que je suis tout aussi amateur dans la reconstruction des civilisations �branl�es par les guerres que l'�taient les "quatre" de Versailles.
Trois politiciens merveilleux (si toutefois un politicien peut �tre une merveille) et l'�nigmatique Orlando ne vaudront jamais un diplomate moyen. Et c'est pourquoi, moi, Anatole Laplante, homme libre et sans pr�jug�s, quoique sans grandes connaissances diplomatiques, je propose, que, la guerre finie, on n'oublie pas de remettre cette rude question des trait�s aux mains des diplomates.
Je suis assez port� � croire en effet flue, cette esquisse d'une solution, quelque plausible qu'elle paraisse dans ses grandes lignes, ne serait peut-�tre pas aussi simple � r�aliser en pratique qu'elle l'est � proposer sur le papier.
La paix viendra de Dieu. Pourquoi ne pas inviter Dieu � pr�sider au trait� de paix? A cet effet, les repr�sentants de toutes les nations int�ress�es se devront � eux-m�mes d'�carter les fanatismes et les pr�jug�s. A cet effet aussi, pourquoi les d�fenseurs de la Chr�tient� n'offriraient-ils pas d'avance au Chef visible de la ch�tient� une place d'honneur et d'influence dans les assises futures o� l'on jettera les bases f�condes de l'Ordre Nouveau? Fran�ois HERTEL
Bouches ferm�es
Ce qui suit est extrait de La Cit� de Dieu de saint Augustin, et cit� par le R. P�re Georges Si-mard, o.m.i., dans Maux Pr�sents et Foi Chr�tienne :
"O� trouver celui qui, en pr�sence de ces monstres d'orgueil, de luxure, d'avarice, dont l'iniquit�, dont l'ex�crable impi�t� force Dieu de briser la terre, selon son antique menace � celui, dis-je, qui soit devant eux ce qu'il doit �tre; qui traite avec eux comme il faut traiter avec de telles �mes? Quand il s'agirai de les �clairer, de les avertir, de les reprendre et de les corriger, trop souvent une funeste dissimulation nous retient, soit indiff�rence paresseuse, soit respect humain qui n'ose braver un front �mu, soit crainte de ces ressentiments qui pourraient nous troubler et nous nuire dans ces biens temporels dont notre cupidit� convoite la possession, dont notre infirmit� redoute la perte."
"Et ce ne sont pas seulement les plus faibles, engag�s dans la vie conjugale, ayant enfants ou d�sirant en avoir, p�res et chefs de famille, � qui l'amour de certains biens temporels ou terrestres �te le courage de braver ces hommes de qui la vie inf�me et criminelle leur est odieuse."
"Il arrive aussi que les fid�les �lev�s � un degr� sup�rieur, libres du lien conjgal, simples dans la table et le v�tement (les moines, quoi!), sacrifient trop souvent � leur r�putation et � leur s�ret�, quand ils s'abstiennent de reprendre les m�chants et n'osent bl�mer ce qu'ils refuseraient d'imiter."
"Et plus coupables encore sont-ils, ces surveillants et ces pasteurs de peuples, �tablis dans l'Eglise pour traiter les p�ch�s avec une inflexible rigueur, si le m�me attachement aux choses du temps les rend muets, craintifs, n�gligents dans leur devoir."
(Maux Pr�sents et Foi Chr�tienne, p. 81 )
Les mensonges des soviets
Sous le titre "La v�rit� concernant la religion en Russie", circule actuellement en Europe et aux Etats-Unis un volume, largement r�pandu, qui pr�sente sous un jour favorable l'attitude religieuse du gouvernement sovi�tique. Le grand quotidien de Fribourg, la Libert�, vient de d�montrer que cet ouvrage est un tissu de fausset�s. Aussi, bien que publi� en Russie, on n'a pas os� l'y mettre en vente et sa publication y a �t� soigneusement cach�e. Le directeur de l'American Mercury, Eug�ne Lyons, journaliste de gauche, qui a s�journ� en Russie, s'�l�ve lui aussi contre une aussi grossi�re d�formation des faits et met en garde les nations alli�es contre les men�es communistes, de plus en plus actives et dangereuses, dans tous les pays.
Au Jour le Jour
En politique les attitudes sont vari�es.
m m
Le plus grand nombre de gens demeurent solidement viss�s � leur si�ge. Ceux qui se tiennent debout constituent une minorit�.
Ni debout ni assis, mais une position mitoyenne entre les deux: c'est l'attitude favorite d'une classe de personnes.
D'autres passent leur temps � s'incliner devant tout � chacun: ils risquent d'attraper le lumbago pour le reste de leur vie. "Le Droit" ARGUS
La Birmanie
Le pays et le peuple qui l'habite
Le pays et le peuple qui l'habite
La Birmanie qui a des fronti�res communes avec cinq pays diff�rents, n'en demeure pas moins pratiquement isol�e de ses voisins si ce n'est par mer et, plus r�cemment, par air. Les accidents g�ographiques rendent le voyage par terre difficile tout le long de la fronti�re birmane, m�me si l'av�nement relativement r�cent de l'automobile a amen� quelque a m�lioration du r�seau routier.
A l'ouest, la route par terre vers l'Inde se trouve ferm�e par la cha�ne des monts Arakan-Yoma et par les terres basses c�ti�res de l'Arakan o� r�gne la malaria. C'est dans cette r�gion que les soldats du g�n�ral Wavell avancent actuellement. La fronti�re du Tibet au nord est un fouillis de montagnes inaccessibles et inexplor�es. A l'est, le long de la fronti�re chinoise, s'�tend le terrain difficile et montagneux que les photos de la route birmane ont rendu familier. Le fleuve Makong constitue la fronti�re de cent milles qui s�pare la Birmanie de l'Indochine tandis que du c�t� de la Tha�lande le plateau de Shan offre des obstacles s�rieux au voyage, sauf dans le sud. C'est ce secteur qui a fourni aux Japonais une voie terrestre pour entrer en Birmanie.
Ces fronti�res embrassent une superficie totale de plus de 261,000 milles carr�s�soit un peu plus que la France. Des cha�nes de montagne qui s'�tendent du nord au sud sectionnent le pays en vall�es travers�es par de grands fleuves. Le olus consid�rable est l'Irriwady qui est navigable sur un parcours de 900 milles jusqu'� Bhamo, la Sittang et la Salween. La population, qui s'�l�ve � environ 17,000,-000 d'�mes, est surtout concentr�e dans la partie sup�rieure de la vall�e de l'Irriwady, dans le delta d? l'Irriwady et dans deux bandes de terre le long de la c�te, l'Arakan dans le nord et le Tenasserim dans le sud.
Parmi cette population, on compte 11,000,000 de Birmans qui Jsont boudhistes. Les six autres millions se composent surtout de Ka-rens, de Shans, de Chins, de Kat-chins et d'Indiens. Il y a aussi quelques Europ�ens et un nombre consid�rable de Chinois. Les relations entre les Birmans et les non-indig�nes n/ont jamais �t� trop bonnes .surtout � cause du fait que le commerce et l'industrie sont presque enti�rement domin�s par des non-Birmans. Les Indiens son particuli�rement d�test�s; la plupart des pr�teurs eh campagne sont des Indiens. On dit qu'un nombre d'Indiens ont quitt� le pays depuis l'invasion japonaise.
La Birmanie est riche en produits agricoles, forestiers et min�raux. L'un des principaux pays producteurs de riz au monde, elle exportait environ trois millions des sept millions de tonnes de sa production annuelle, surtout dans l'Inde. La plus grande partie des 274,000,000 de gallons de p�trole produits en 1938 furent export�s dans l'Inde qui �tait �galement la meilleure cliente de Birmanie pour le bois de teck. Les statistiques de 1938 indiquent que le rendement de 31.374 milles carr�s de bois de teck fut de 283,000 tonnes en 1938. Et que l'Inde a absorb� environ 73 pour cent de toute cette production. Outre le p�trole, les mines de Birmanie ont fourni, d'apr�s les chiffres de 1937, 6,623 tonnes de concentr�s d'�tain, 75,000 tonnes de plomb, 4,998 tonnes de tungst�ne, 6,180,000 onces d'argent et des quantit�s moins consid�rables de zinc, de cuivre, de rubis, de saphirs, de jade et d'ambre.. II existe des gisements de charbon, d'or et de fer, mais ils n'ont pas �t� exploit�s. '
Quand vous achetez chez nos annonceurs, mentionnez
"J^cAmi du Peuple "
Gouvernement et politique
Au cours du 19e si�cle, des attaques des Birmans contre le Bengale et des diff�rends entre les chefs anglais et les rois birmans ont amen� toute une s�rie de guerres entre la Gfrande-Bretagne et la Birmanie. C'est � la suite de ces guerres que la Birmanie est deve-
nue une partie de l'Empire britannique. A partir de ce moment et jusqu'en 1937, le pays fut administr� comme une province de l'Inde.
Le 1er avril 1937, la Birmanie fut-d�tach�e de l'Inde et se vit octroyer une constitution propre qui lui conf�rait une large mesure d'autonomie. On �tablit en vertu de l'Acte du gouvernement de Birmanie un conseil de ministres dont les attributions � titres de conseillers du gouevrneur embrassaient lu plus grande partie de l'administration. Ces ministres �taient responsables � leur tour � une Chambre de repr�sentants �lue de 132 membres et � un S�nat de 32 membres. Dix-huit membres du S�nat �taient �lus par la Chambr� des repr�sentants et les dix-huit autres �taient nomm�s par le gouverneur. Le droit de suffrage pour l'�lection des membres de la Chambre des repr�sentants est tr�s large et s'�tend aux femmes. M�me si le pays n'a pas de syst�me de castes, il existe des races minoritaires et des int�r�ts particuliers, tels que le commerce et le travail, dont il faut tenir compte. On a pourvu aux besoins de ces groupes en leur attribuant environ un tiers des 132 si�ges � la Chambre.
On a r�serv� au gouverneur un petit nombre des fonctions administratives�la d�fense, les affaires �trang�res, les affaires eccl�siastiques et le contr�le de la politique mon�taire. Le gouverneur a encore le pouvoir de d�cider s'il doit accepter ou rejeter l'avis de ses ministres dans certains cas, notamment lorsqu'il s'agit de sauvegarder les int�r�ts dos minorit�s.
On n'a pas fait entrer les Etats de Shan dans les cadre? de ce syst�me. Ils continuent d'�tre administr�s par leurs propres rhefs sous la surveillance d'un co' :r.is-saire. Si la fonction de chef r h�r�ditaire en th�orie, on a soumis la succession � la ratification du gouverneur.
Au moment o� le pays fut d�tach� de l'Inde, le gouvernement anglais a proclam� son intention d'aider la Birmanie � atteindre le status de dominion. Le gouverneur a r�affirm� cette intention en juillet 1940, mais il a d�clar� qu'il �-tait difficile de pr�voir dans quelle mesure la Birmanie pourrait r�soudre le probl�me de ses relations �trang�res et de sa d�fense apr�s la guerre. Le sentiment nationaliste a pris beaucoup de force en Birmanie au cours des derni�res ann�es: le parti politique qui s'abstenait d'appuyer � fond les revendications d'autonomie compl�te n'avait gu�re de chances de succ�s. Ce mouvement d�coule de l'�veil assez g�n�ral du sens politique et du m�contentement provoqu� par la mainmise des non-Birmans sur le commerce et l'industrie. En octobre 1941, l'honorable U. Saw, qui �tait alors premier ministre de Birmanie, s'est rendu � Londres pour r�clamer pour son pays le status de dominion. Il pr�tend que l'opinion publique en Birmanie �-tait unanimement favorable � la cause alli�e et dispos�e � combattre � leurs c�t�s, et que l'on pouvait accorder l'autonomie� plus facilement � la Birmanie qu'� l'Inde parce qu'elle poss�de une nlus grande unit� religieuse et raciale. En raison de l'incertitude de la situation et de l'avenir, le gouvernement de Grande-Bretagne se vit incapable de doner les assurances demand�es et M. U. Saw ne dissimula pas son m�contentement en Angleterre ou au cours de son voyage � travers ce continent.
Avant l'invasion, la majorit� des Birmans, bien qu'elle ne f�t pas enti�rement satisfaite des conditions existantes, d�sirait la victoire des d�mocraties. Il existait cependant une minorit� qui tournait les yeux du c�t� du Japon. On � affirm� que cette attitude visait plus � exercer une pression sur le gouvernement du jour qu'elle ne provenait du d�sir de voir le Japon remporter la victoire. Service d'injormatlon de l'Institut canadien des affaires internationales.
Nous sommes tous d'accord ?ur ce ipoint que l'�ducation sans r�vision est comme un terrain aride et d�sol�.�'Comte d'Athlone.
Exiger la confiance avant de l'avoir gagn�e, c'est vouloir se faire �payer d'un travail que l'on n'a pas fait.�Monsafor�.
42 rue Borgia Sudbury, Ont
ADAM & CIE
Epicerie moderne - Viandes de choix
DISTRIBUTEURS DES PRODUITS OGILVIE ET BLATCHFORD
\
�
� y
u �
�Si---
S
4 ' .-�
V :
.-,':t\".