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Le Soleil, vendredi 16 décembre 1994 - 5
Un paysage d'hiver de Val-Paradis en Abitibi.
Conte du temps des fêtes
INNOCENT XIV!
(Deuxième de trois parties)
Un rang de Val-Paradis, au fond de l'Abitibi (région minière de l'Ouest du Québec), vers lè milieu de ce siècle. Noble maison ancestrale à l'abri d'un énorme sapin enneigé plusieurs fois centenaire. La scène se passe dans une grande salle à manger-cuisine peinte en jaune pâle défraîchi.
... Tourbillon de rigolades, bientôt suivi d'une véritable déclamation du petit Nicolas, passablement déluré pour son âge:
- Ça me fait penser: est-ce que vous l'avez-vous-tu vu, à la fin de la messe de minuit, la grand tataise à Rita Dufour qui faisa la Sainte Viarge? A l'ava l'air d'une vra vra morte.(1) La petite Julie aux beaux yeux bleux, cheveux couleur de miel, s'empresse d'insister: - Ah! Ça c'est vra. Est-a (elle était) rendue varte, varte, varte; varte, là, c'est bin simple, varte comme le sapin de Noël...
- Espèce d'innocente XIX! s'écrie Monique, en essayant d'imiter la voix vibrante de sa mère. C'est même pas vra, ça! Est-a pas si tant varte que ça! Pis à part de ça, tu saura que ça s'peut même pas que le monde vienne varte! Comme si on pourra avoir la tête comme des tomates à katchup! Maudite niaiseuse! (Maro et Jérémie font en vain un geste pour la faire taire. ) Tu te penses bin belle pis bin fine, toi, Julie Brisefer, mais t'es pas mal innocente!
Au bord des larmes, la bouche grande ouverte, la pauvre Julie reste toute figée d'étonnement, abasourdie, trop insultée pour parvenir à déclencher ce qu'on appelle «ses Chutes Niagorat».
Nouveaux gros rires et ricanements, suivis d'un début de chicane des enfants, mais qui sont vite étouffés... Maro vient de se lever vivement pour aller se planter - aussi droite que M. le curé Chauvin à l'élévation - derrière son Jérémie. D'une lenteur amoureuse, elle glisse ses mains gercées par les énormes lessives sur les solides épaules de son vieux... Cette démarche inattendue a le même effet sur tous que le rideau tombé par hasard au beau milieu d'une pièce de théâtre.
Ainsi, le regard perçant de Maro, sage et mystérieux posé droit devant elle, a suffi pour imposer à tous le silence. On entendrait une souris trotter.
- « Vlà maman transformée en prêtresse pour procéder à un rituel de purification», songe Claudine, la fille aînée au sens déjà aigu des responsabilités.
- Mes chers enfants, croyez-moi, croyez-moi pas...
Pause. La pendule en profite pour faire entendre son joli carillon.
Mystère et boule de gomme!
La bonne mère de famille respire profondément deux fois de suite. Tous les yeux restent rivés sur elle; grands et petits, chacun est maintenant persuadé qu'elle est
sur le point de faire ou bien une déclaration fatidique, ou bien l'annonce d'un événement hors de l'ordinaire particulièrement heureux.
Leur apprendra-t-elle que la fin du monde surviendra l'an prochain, bien avant l'ouverture, en 1960, du fameux message de Fatima? Son médecin lui aurait-il appris qu'elle souffre d'une maladie incurable? Lui a-t-on annoncé, aujourd'hui, la mort de l'oncle Alfred, son jeune frère aveugle et paralysé, ou le décès de Sa Sainteté Pie XII? À moins qu' il s ' agisse dumariage de Joseph au temps des bleuets.
Sur son palier, l'antique pendule, fidèle, exacte, implacable, rythme sans cesse l'heure fugitive, marquant chaque battement de coeur, chaque instant de la vie terrestre, du sceau de l'éphémère et de la fragilité.
- Croyez-moi, croyez-moi pas, mes chers enfants, reprend calmement Maro, cette fois sur un ton plus résolu. L'année prochaine... L'année prochaine, vous aurez un aut' p'tit frère ou une aut' p'tite soeur. Mon quatorzième! Ce dernier mot devient presque inaudible dans la surexcitation, pour ne pas dire éruption, générale.
- Wow! Attaboy! Hourra! s'écrie la longue tablée d'une seule voix, les benjamins répétant ensuite comme en écho: «Youppi! Youppi! On, môman,'si c'est l'fun!»
Le père Jérémie, enfin délivré de ce secret lourd à porter, se remet vite à fredonner, les gros doigts agiles posés sur les touches usées de son accordéon musette: «C'est bin effrayant, c'est bin effrayant comme c'est épouvantable! À chaque année, apra l'mariage, faut agrandir la table...»
Les sons cristallins de la pendule passent presque inaperçus tant la rengaine bien cadencée est forte, forte à en ébranler le toit enneigée et la cheminée.
Plus tard, le dernier couplet terminé, Jérémie le fait suivre,
comme d'habitude, de deux ultimes reprises du refrain... -r Ensemble, les enfants. Maro et sa belle progéniture: 13 «gosses» bien comptés P), reprennent donc en choeur: «C'est bin effrayant, c'est bin effrayant...»
La grande marrmaille ressemble à une bande de moineaux alignés sur des fils comme les notes d'une portée musicale, chacun s'égosillant une toute dernière fois en guise de «bonne nuit». Et finalement, toute la maisonnée ralentit pour accompagner le rythme .de l'accordéon paternel dont les plis parallèles sont près de se rompre: «Faut agrandir la table.»
La fête des Rois
Le soir du 6 janvier, l'Epiphanie, dernière célébration du temps des fêtes. Autre réunion de l'imposante famille «catholique Brisebois», qui fait la grande joie des parents. Autre fin de banquet agitée, débordante de plaisirs pour petits et grands.
Vient le moment tant attendu où Maro distribue entre frères et soeurs un chapelet de morceaux de gâteau marbré - blanc, rose et brun. Chacun le sait: dans la moitié «phrasée» au cholocat, saupoudrée de noix de coco à teinte verte, se cache le pois traditionnel, alors que l'autre moitié, d'un rouge Père-Noël, contient la «bean», comme on dit au Québec.
La distribution terminée, chacun attend avec impatience le signal de la plonge dans sa part de gâteau.
- Voyons donc, Natole, pas tout d'suite, fait la mère en fusillant son fils boutonneux du regard. Attends donc comme tous les autres que je crie «Bean. Go!»
Jean-Claude Boyer (1)Le jouai qu'impose le contexte dans les passages en discours direct a été réduit au minimum pour faciliter la lecture. 00 «Ce mot cochon-là qui disent pour les p'tits Français en France.»
( Écc Expéi "ontactez P île Élément CARREFOUR CHRÉTIEN ÉVANGÉLlQUE •intentez la différence ! asteur Robert Lapointe au 525-1705 lire Millside, 1432 Brunette, Coquitiam.
Service tous les dimanches à 1 Oh École du dimanche pour enfants de 0 à i 4 ans à 11 h Cours biblique tous les jeudis à 19h30
CJ\J
AMÉRIQUE DU N
APPEL D'OFFRES POUR
L'ENTRETIEN DES PAROIS ROCHEUSES ET DIVERS TRAVAUX DE STABILISATION LE LONG DE L'EMPRISE DE LA VOIE DANS LE NORD ET LE SUD DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE AINSI QUE DANS L'OUEST DE L'ALBERTA
Les travaux comprennent le découpage, le dérochage, le boulonnage et le gunitage de parois rocheuses.
Les personnes intéressées doivent nous faire parvenir une offre cachetée dans l'enveloppe faisant partie du dossier d'appel d'offres, au plus tard le jeudi 12 janvier 1995, à midi, heure normale des Rocheuses.
Le dossier d'appel d'offres peut être obtenu à partir du jeudi 8 décembre 1994 moyennant la présentation d'un chèque visé non remboursable de cinquante dollars au nom de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, en s'adressant à l'agente de l'ingénierie - Contrats, 16e étage, 10004, 104 Avenue, Edmonton (Alberta), ou à l'ingénieur adjoint de district, 11717, 138th Street, 2e étage, Surrey (Colombie-Britannique), téléphone (604) 589-6602, ou encore, à l'ingénieur de district, au 145, 3rd Avenue, 2eétage, Kamloops (ColombieBritannique), téléphone (604) 371-5435.
Chaque offre doit être accompagnée d'un cautionnement de soumission au nom des Chemins de fer nationaux du Canada au montant équivalent à dix pour cent du prix de la soumission.
Renseignements techniques : M. Tom L. Bourgonje, ingénieur Services techniques, Kamloops (Colombie-Britannique), (604) 371-5414.
Renseignements sur l'appel d'offres : M™ Diana L. Novak, agente de l'ingénierie - Contrats, Ouest canadien, Edmonton (Alberta), (403) 421-6382, ou numéro sans frais 1-800-896-7977.
Le CN se réserve le droit de rejeter toutes les offres et ne s'engage pas à accepter la plus basse.
R.B. Boyd
Premier vice-président Ouest canadien Edmonton (Alberta)
CJ\J
AMÉRIQUE DU NORD
AVIS DE VENTE
Conformément à la Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales et au Règlement sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales, prenez note que la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada propose de vendre la gare située au 145, Lorne Street, au point milliaire 1,04 de la subdivision de Ashcroft, à Ville de Kamloops.
Conformément au paragraphe 7. 1) de la Loi précitée, toute personne s'opposant à cette vente peut le faire en envoyant un avis écrit précisant les motifs de son opposition et tout autre détail qu'elle juge pertinent à :
L'honorable Michel Dupuy Ministre des Communications Ottawa (Ontario) Kl A 0C8
dans les soixante jours suivant le 21 décembre 1994 (date de présentation, au ministre, de la demande relative à la vente de la gare). Une copie de l'avis d'opposition doit être envoyée simultanément à la Compagnie de chemins de fer requérante, à l'adresse suivante :
Maître S.A. Cantin, c.r. Avocat général
Chemins de fer nationaux du Canada
C.P. 8100
Succursale «A»
Montréal (Québec) H3C 3N4
Tel. : (514) 399-4260
Pour obtenir plus de renseignements, prière de communiquer avec :
Chemins de fer nationaux du Canada 16e étage
10004- 104 Avenue
Edmonton (Alberta) T5J 0K2
À l'attention de A.R. Erickson, Affaires réglementaires
Téléphone : 1403) 421-6430
Télécopie : (403) 421-6689