Lettre de Paris
Le Soleil de Vancouver,page 5,13 février 1970
Caravane de la paix
. J<g*ffMT* par Claude PROCHEVILLE
Le Pancapitalisme
PARIS: M. Pierre Trudeau, qui est resté quelques jours dans les neiges françaises, a Courchevel, et M. Masse, ministre du (siuebec, tous deux de passage en France, ont pu se rendre compte que l'industrie française é-tait toute entière marquée, en cette fin d'année, du signe de la participation.
Que recouvre ce nouveau terme? En bref,il s'agit de l'idée d'association capital-travail, soutenue à plusieurs reprises • par le Général de Gaulle lui-même, et dont tous les éléments se retrouvent dans l'oeuvre de h. Marcel Loichot, président de l'Union Pancapitaliste, et concrétisés sous la forme du livre intitulé "LA REFORME PANCAPITALISTE" édité chez Robert Lafont.
La base en est très simple. On la trouve,en effet, dans "Rerum Nova-rum" de Léon XIII,en I89I,de même que dans les dernières encycliques du Pape, en particulier "Mater et Magis-tra".
Les entreprises industrielles se sont créées au XIXème siècle selon le modèle des domaines agricoles qui prévalait alors, 1*instrument de production étant fait de terres arables, à la superficie immuable, et le propriétaire partageant les récoltes a-vec les travailleurs ou leur donnant un salaire pour acquérir une part de ces biens de consommation.
Mais aujourd'hui, la production industrielle, dans des pays avancés comme la France, double en moins de treize ans,et quadruple en vingt cinq ans (en neuf et dix-huit ans pour l'électricité). Il en va nécessairement de même pour les équipements correspondant s, c'est-à-dire les usines, car les salariés ne sauraient produire 2 fois plus,sans 2 fois phas d'investissements. Ces mêmes salariés sont exclus de toute part de propriété sur ces instruments de production qu'ils contribuent ainsi à édifier par leur travail,et que de plus,ils mettent ensuite quotidiennement en oeuvre. Cette frustration, qu'ils perçoivent clairement ou confusément,est la base du ressentiment, sourd ou aigu, qu'ils éprouvent à l'endroit de l'actuel capitalisme du petit nombre ou oligocapitalisme.
Il paraît,en effet, tout' à fait évident à qui veut bien réfléchir,que le personnel d'une entreprise qui a travaillé pendant "n" temps dans ladite entreprise^ n'a pas, en fin de compte, été entièrement soldé de ses droits par le salaire qu'il en a reçu. De même qu'à la création d'un os humain, les cellules prolifèrent et permettent l'accroissement de l'individu qui,à l'origine était un bébé,pour ensuite devenir un jeune homme,et finir en homme complet, le personnel travaillant dans une entreprise a été constitué par lui-même en cellule de production.
D'où l'origine de l'ordonnance prise le 17 août 1967, instituant la participation aux fruits de l'expansion de l'entreprise pour toute firme occupant plus de 100 salaries. »
Ces dispositions intéressent environ 15,000 entreprises et 5 millions de salariés sur 13 millions au total.
Ce qui importe,en fin de compte, c'est que chaque travailleur soit demain, modestement au départ, mais de plus en plus chaque année, propriétaire d'une partie de son entreprise et non plus un étranger,qui loue sa capacité de travail à~ la société qui l'emploie.Ainsi pouvons-nous entrevoir enfin 1'émancipation de la classe laborieuse, la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme,ou de l'homme par l'Etat,sans pour autant perdre nos libertés individuelles.
La formule "l'usine à Rotschild" étant inexorablement condamnée par l'évolution a une époque où, précisément les usines se multiplient â une cadence torrentielle,le seul choix oui demeure est, soit l*usine "Staline", soit "l'usine aux salariés et aussi aux entrepreneurs qui ont fourni l'argent nécessaire aux investissements initiaux".Le partage de l'autofinancement indispensable a la croissance, permettra de mettre en place sans, aucune secousse,cette dernière solution, qui forme "la troisième voie" ou s'est engagée la France d'aujourd'hui.
Allant plus loin,et dans le dessein de constituer un test, le Gouverne :ien.t français a étudié* l'application de la participation à des entreprises telles que les entreprises nationalisées, en particulier RENAULT, qui avait été exclues du bénéfice original de ladite ordonnance.
Il est évident, pour qui veut bien y consacrer une réflexion suffisante, que l'accaparement des biens de production par une minorité de riches et d'opulents ( il y aurait tout au plus 25,000 actionnaires significatifs en France) ne peut pas présenter une chance de survivre pendant bien longtemps encore. D'où l'alternative inéluctable: ou le monocapitalisme de l'Etat, baptisé communisme,qui malheureusement remplace l'exploitation de l'homme par l'homme,par celle de l'administré par le bureaucrate, et finit par supprimer toute liberté; ou l'actionnariat ouvrier qui, comme chez RENAULT, crée le capitalisme de tous, c'est-à-dire le pancapitalisme.
Cette "grande affaire",répétons-le, sera la préoccupation dominante des dix prochaines années. Elle engendrera une telle mutation structurale du monde économico-social que la nouvelle entreprise sera la pierre angulaire d'une nouvelle société, où elle déterminera tous les autres recommencements.
En somme, l'idée maîtresse qui gouvernera dans les dix prochaines années, notamment l'évolution du monde, économico-social,donc de l'entreprise, tiendra à la nécessité d'y réaliser l'accession des salariés au capital.
NDLR- Nous sommes heureux d'apprendre que notre correspondant M.Procheville vient de recevoir -a titre militaire-une promotion dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.
La Caravane de la Paix est une société officiellement créée, dont le but est l'obtention de la paix mondiale. Sa constitution, duement enregistrée à Victoria,énumere en détail les buts de la société,qui sont tous fort louables. Les moyens d'action sont variés et certains des plus originaux.
Une caravane.par exemple,e st en voie d'organisation; elle sera constituée de chariots tires par des chevaux et devra se rendre a kossport(Ontario) afin d'y assister a une féte de la Paix organisée par John Lennon et sa femme Yoko-Ono, au mois de juillet prochain.
Après cette féte,la caravane se rendra à l'étranger pour continuer son oeuvre de paix a travers l'Angleterre, les pays d'Europe et même la Russie,patronant et encourageant tout au long de son périple, des conférences, des discussions et des leçons dont les sujets seront la paix mondiale et les moyens d'y parvenir.
La Caravane de la Paix est une société sans but lucratif,dont "le Soleil" publiera sous,peu une histoire détaillée.Toute personne intéressée à joindre ou à supporter le mouvement peut devenir membre de la société individuellement, en famille -a titre de contributeur, de commenditaire ou de patron- selon son désir et les moyens dont il peut disposer. S'adresser au Siège Social: Caravane de la Paix, Apt 312, 314 Hue Hastings ouest.
JVos lecteurs nous écrivent
Monsieur le Rédacteur,
Je voudrais vous dei/iander votre aide pour des recherches que j'effectue actuellement au sujet du bilinguisme et du biculturalisme au Canada.
J'ai appris que le département de l'Education a tenté une expérience de jardin d'enfants à Coquitlam, dont la langue d'instruction est le français; et qu'il étudie maintenant l'éventualité d'étendre ce système aux première,deuxième et troisième années. L'opinion publique est-elle au courant? Si tel n'est pas le cas,vos lecteurs, selon moi,devraient exiger ces classes,faisant comprendre à leurs enfants que c'est â leur avantage et un gage d'unité canadienne. Il existe en effet des parents qui s'opposent à de tels projets, parce qu'ils craignent que leurs enfants se moquent de leur français moins académiquei
J'aimerais connaître les problèmes et les difficultés rencontrés par la langue et la culture française en C.B., les associations formées et les résolutions publiques. Quelles sont les statistiques concernant les langues, cultures et formation? Existe-t-il des reseaux de télévision et de radio française? Faites-vous des échanges entre les provinces et pays francophones?
Vous seriez bien aimable de publier quelques extraits de ma lettre afin que des gens de C.B. puissent m' écrire,me donner leurs suggestions et leurs avis, au sujet de ce grand problème de notre pays.Je tiens â ce que tous se rappelent• ce que veut dire notre drapeau:... L'UNITE de 10 provinces et un territoire entre deux o-céansi
M. Raymond J. Laflamme. 76 Jolicoeur, apt 207A Hull, Québec.
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