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Chronique
La complainte d'un Canadien désespéré
Pauvre Canada!
Le 1er juillet 1990, j'étais à Ottawa, au pied du Parlement, dans l'enceinte réservée aux invités. J'étais assis à côté de Mme Duncan, une enseignante de London, en Ontario. Le destin avait voulu que je remporte, dans la catégorie langue française, le concours national de la Fête du Canada, organisé depuis 1984 par l'association Toastmasters International. Mme Duncan avait remporté le concours dans la catégorie langue anglaise.
Le thème du concours était Visions pour le Canada, et Mme Duncan et moi-même avons prononcé nos discours dans l'après-midi, dans le parc Major Hill, sur la colline parlementaire. Nos discours présentaient des points communs; ils parlaient d'unité, de compréhension et de respect.
Le 1er juillet 1991 a été pour moi une journée infiniment moins mémorable. Le pays traverse une nouvelle crise constitutionnelle. C'est une maladie dont le Canada souffre depuis des années. Lorsqu'on le croit guéri, i\ iail une rechute.
J'ai planté dans mon jardin un petit drapeau du Canada. Ce n'est pas grand-chose, me direz-vous. C'est vrai, ce n'est pas cela qui sauvera le Canada du démantèlement. J'ai tout de même décidé de le laisser en permanence. Il est splendide dans sa simplicité, ce drapeau. Le jour où j'ai lu que son adoption en 1965 avait provoqué une vague de protestations, je suis resté songeur.
Une photo diffusée par la Pressecanadienneetpubliéedans le quotidien de Vancouver The Province du 25 juin dernier a retenu mon attention. Elle a été prise au cours du défilé de la Saint-Jean-Baptiste, à Montréal, et on y voit, à un balcon, trois personnes qui agitent le drapeau du Québec. Au-dessus d'elles, un panneau proclame Adieu Canada. Petit détail en passant, le «i» d'Adieu est une main dont le majeur est dressé.
Le Canada vient de célébrer son 124e anniversaire. En fait, c'est discutable, puisque le «puzzle» était loin d'être complet, en 1867. Ce n'est qu'en 1949 que Terre-Neuve s'est jointe à la confédération et que le Canada a terminé «sa croissance». Il serait donc plus juste de dire que le Canada fête cette année son 42e anniversaire.
La Commission Spicer sur l'avenir du Canada a déposé son rapport, et le débat constitutionnel va s'intensifier. Les commentaires, les suggestions, les
recommandations se multiplient, mais les participants au débat tournent autour du pot, ont peur d ' appeler un chat un chat, à moins bien sûr qu'ils évitent délibérément d'aller au coeur du problème.
Aller au coeur du problème qui se pose au Canada est pourtant bien simple. Il suffit de se poser la question suivante : sou-haite-t-on que le Canada demeure un «puzzle» aux pièces mal ajustées, qui peuvent sauter dans toutes les directions si un genou heurte un pied de la table, ou bien, au contraire, veut-on que le Canada devienne un véritable pays, c'est-à-dire un pays uni, un pays solide?
Actuellement, il est suicidaire de tenir de tels propos, mais tant pis : vu ses dimensions consi-
Jean-Claude
Arluison
dérables, le Canada a besoin d'un gouvernement central fort. Un pays a besoin d'un gouvernement et non pas de onze gouvernements. Nos dix premiers ministres provinciaux se comportent comme s'ils étaient des chefs d'État; ils oublient qu'ils ne sont que des chefs de provinces (ou bien, ils refusent de l'accepter).
Aux grands maux, les grands remèdes. Si cela ne tenait qu'à moi, je supprimerais un palier de gouvernement : le palier provincial. Il resterait le gouvernement fédéral et l'administration municipale. Plus de provinces... quel rêve! Il n'y aurait plus d'esprit provincial. Des Canadiens ne pourraient plus se dire Colombiens-Britanniques, Alber-tains, Terre-Neuviens ou Québécois d'abord, et Canadiens ensuite.
La population canadienne traverse une cri se d ' identité. B ien des remèdes sont disponibles. Le premier consisterait à remplacer, par exemple, le terme «les Colombiens-Britanniques» par l'expression «les Canadiens résidant en Colombie-Britannique». Le deuxième serait une amélioration de l'enseignement de l'histoire du Canada tout au long de la scolarité. Le troisième, la publication ou la diffusion d'un contenu plus canadien dans nos médias.
Vendredi 12 juillet 1991
Le quatrième, l'organisation d'un plus grand nombre de voyages-échanges interprovinciaux pour les jeunes ainsi qu'une campagne visant à encourager les Canadiens à visiter leur pays afin de découvrir ses réalités si diverses.
Le Canada est une nation jeune, et qui dit jeune dit manque de maturité; de plus, le Canada n'a pas été ravagé par les guerres, comme l'ont été, par exemple, bien des pays européens; la dernière fois que le Canada a été envahi était en 1812. Or, l'épreuve des guerres façonne la conscience nationale et l'unité d'un peuple.
Les fanfares du 1er juillet se sont tues, les drapeaux ont été soigneusement plies et rangés jusqu'à l'année prochaine. Les Canadiennes et les Canadiens n'ont guère de raisons de jubiler, puisqu'en 124 ans ils n'ont pas réussi à forger une unité nationale. Toutefois, il ne faut pas désespérer, mais il faut retrousser ses manches et passer à l'action en adoptant une attitude positive. Chacun et chacune peut jouer un rôle dans le grand débat constitutionnel sur l'avenir de notre pays.
Se souciant fort peu, sem-ble-t-il, de la tempête qui secoue le pays, un petit drapeau du Canada se dresse fièrement dans mon jardin. * * * * *
O Canada
O grand pays du Nord que je pris pour patrie,
Dans ton immensité, je suis bien moins que rien
Mais ton air libre et pur me rend la vie chérie
Oui, CANADA, je t'ai fait
mien.
Je retourne parfois aux lieux de ma naissance
Au pays que j'aimais, j'ai de nombreux liens
En ma chère Belgique, et même aussi en France
Mais pourtant, CANADA, je reviens!
Quand tu m'auras donné un petit coin de terre
Pour poser mes vieux os dont tu seras gardien,
Ma voix dira encore, sortant d'une autre sphère :
Oh, CANADA! Comme tu me tiens!
Berthe de Tremaudan
Agée de 95 ans, Mme Berthe de Tremaudan vit à Victoria.
Le Soleil de Colombie
Courrier
Aie! mon dos
La douleur me tuait littéralement ce jour-là. Le poignard, enfoncé dans ma hanche gauche, se déplaçait lentement, chaque jour un peu plus, tentacule tendant son extrémité toujours plus loin, fouillant les chairs. Si vous croyez que j'exagère, je vous réponds: «Je voudrais vous y voir.»
En attendant, c'est Lui que je vais voir. Il m'a fait me tenir sur un marche-pied, le côté pile contre une grande porte bien matelassée, sans doute pour étouffer mes cris. Il a touché quelque chose, un bouton ou une manette, un quelque chose qui a fait basculer cette porte verticale jusqu'à ce qu'elle se trouve à l'horizontal. Je n'osais respirer. Il me commandait de ne pas bouger, de garder ma figure contre, contre quoi au fait? Il y avait là un trou recouvert d'un linge blanc où mon nez et ma bouche se trouvèrent comme dans une niche. Au moins, c'était confortable. Du moins pour mon nez que, au contraire de Cléo-pâtre, j'ai plutôt long. Et j'y pense, c'aurait pu être elle ici, à ma place et mon dieu, la pôvre! Si tel avait été le cas, elle n'aurait pas rencontré Marc-Antoine et sa vie se serait terminée en tragédie.
Il me tripotait le dos, appuyait un instrument et tirait, bang. Loupe! Il recommençait ailleurs, tirait encore. Encore loupé. Après quelques minutes ainsi, de torture charmante, il me dit: «Voilà. Reviens demain. Un nerf était coincé entre des muscles. Tu as des noeuds partout. Ne marche pas trop. Ne danse pas.» Ne pas danser! Il voulait ma mort, c'est sûr. Il a parle de muscles froissés. J'ai dû le vexer sans le savoir. À moins qu'il n'est voulu dire... non, je ne suis pas encore si vieille que mes muscles aient des plis. Ne pas danser! Oh, mais c'est qu'il est mignon. Excusez-moi, je dois retourner le voir. Mon mal de dos voyez-vous.
L'auteur essaie, à sa lamentable façon, de décrire la techniqucdechiropractic«ActivatorMclhod».L'»Activatcur» est un instrument d'une quinzaine de centimètres de long qui envoie des ondes réduisant la douleur.
Nicole Hérold
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