6- Le Soleil de Colombie, vendredi 12 octobre 1984
La Louisiane française
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cielle. D'après beaucoup de Louisianais anglophones, le français est une langue étrangère qui n'a pas le moindre statut officiel. Mais il est également facile de trouver des Louisianais pour vous dire que personne ne parle français en Louisiane. Ca ne fait que prouver que l'on ne peut pas se fier au grand public.
Oui, le français a un certain statut juridique en Louisiane. Si ce n'est pas une langue officielle, c'est au moins une langue privilégiée dans plusieurs domaines. Bien que loin d'être sur un pied d'égalité avec l'anglais, il est curieux de traiter d"'étranger" une langue qui est parlée en Louisiane continuellement depuis 1699 - plus d'un siècle avant l'arrivée des premiers anglophones.
Pour comprendre le statut légal du français à présent, il faut considérer ce qui était son statut anciennement. Quand Robert Cavalier, sieur de La Salle a érigé une croix à trois lieues en amont de l'embouchure du Mississipi et pris possession de toute la vallée du fleuve pour la France, il rendait le français une langue officielle, peut-être la seule langue officielle de cette vaste colonie qu'il baptisait Louisiane en honneur du Roi Soleil, Louis XIV. C'était le 9 avril 1682. Mais La Salle est reparti à la Nouvelle-France laissant derrière lui des "Sauvages" qui ne parlaient malheureusement plus la langue officielle de leur pays. Ainsi de 1682 à 1699 le français était la langue officielle mais non-parlée de ce que l'on appelle de nos jours
"Louisiane".
En 1763 avec le traité de Paris, la Louisiane est transférée à l'Espagne. L'espagnol est certainement devenu officiel à ce moment-là, mais le français continuait à être la langue la plus parlée et la plus utilisée pour les documents officiels, même des documents destinés à être envoyés en Espagne.
Le 1er novembre 1768, les Louisianais se sont révoltés contre le gouvernement espagnol et ont chassé le Gouverneur Don Antonio de Ulloa de la colonie. Dès,cette date jusqu'au 18 août 1769 quand les Espagnols ont écrasé la révolte, la Louisiane était assurément la seule langue officielle. La Lousiane a ainsi été la première colonie américaine à s'insurger contre le pouvoir colonial d'une
grande puissance européenne, bien qu'elle ne voulait pas vraiment être libre mais plutôt redevenir une colonie française.
La Louisiane est restée espagnole jusqu'à 1800 où, suivant la convention de San Ildefonso entre Bonaparte et Charles IV d'Espagne, la Louisiane est redevenue française.
En 1803, Napoléon a vendu la Louisiane aux Américains. De 1682 à 1803, une période de 121 ans, le français était une langue officielle et de loin la langue dominante en Louisiane. Au moment de la vente aux Etats-Unis, il n'y avait presque personne dans la Louisiane qui parlait anglais. Cela allait changer...
Notre prochain article : 1803 ■ 1968; le français langue étrangère.
La révolution en chantant n'aura pas lieu
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Tout compte fait, seul l'orchestre était relativement modeste pour figurer la grande révolution française . Il comprend en tout et pour tout, seize choristes et huit musiciens avec des instruments qu'on n'est plus habitués à trouver dans les orchestres de chambre: deux hautbois, deux clarinettes, deux cors (dits anglais) et deux bassons. Et c'est justement là que se situe la première originalité de David Skulsky et de son groupe "Harmonie", fondé cette année. "La musique du début du XIXème ne se limite pas aux grands musiciens classiques, Mozart, Haydn... dont les oeuvres nécessitaient des dizaines de musiciens", explique David Skulsky. "Au contraire, les cours d'Europe
utilisaient, pour des raisons budgétaires, des formations type "Harmonie" dont la composition permet d'adapter n'emporte quelle oeuvre, même un opéra.
Cette forme d'orchestre a justifié au XVIIIème siècle la composition de plus de 6 000 oeuvres ("Sans compter les adaptations d'oeuvres comme la septième symphonie de Beethoven et les opéras de Rossini", insiste David Skulsky) et "tout naturellement", l'orchestre de la Garde nationale, bras militaire des comités révolutionnaires, a reproduit à grande échelle non pas la classique formation symphonique (violons, percussions...) mais au contraire la composition charactéristi-que de l'harmonie.
Cet orchestre de la Garde nationale avait une véritable fonction sociale, il était utilisé pour les grandes célébrations et fêtes de la révolution. Certains des meilleurs compositeurs français du XVIIIème siècle (Gossec) et quelques uns des meilleurs écrivains (Chesnier, Sainte Beuve) s'étaient mis à son service.
"A l'époque, rapelle David Skulsky, on sortait la musique pour les grandes occasions et une oeuvre était parfois composée en vue d'un événement unique". C'est la deuxième originalité de son spectacle : la mise en situation des morceaux dans leur contexte historique. Ainsi, il avait prévu un narrateur chargé d'expliquer en anglais (tous les chants auraient naturellement
été donnés en français) la signification et même l'utilité de tel ou tel chant dans l'esprit de la révolution française.
Contrairement au célèbre "Ca ira, ca ira, les aristocrates on les aura...", issu comme beaucoup d'autres chants de la tradition populaire, les pièces sélectionnées par David Skulsky pour le spectacle avaient été soigneusement orientées par les compositeurs, qui travaillaient sous la surveillance du tristement célèbre Comité d'instruction publique. C'est donc à une véritable leçon d'histoire de France que le public était convié le 21 octobre et David Skulsky entend bien faire son cours dès
que la Bibliothèque nationale de Paris aura repris le travail.
Le plus vieux prisonnier du monde
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prononcer ses nom et prénom. Les gardiens de Spandau se risquent tout juste entre eux à parler du "vieux". Ce matricule - "Numéro 7" -, Rudolf Hess le doit au hasard. Dans le fourgon cellulaire qui ramène de Nuremberg à Berlin les criminels de guerre nazis, Rudolf Hess est assis au fond du véhicule. Sitôt arrivés à destination, les amiraux Doenitz et Raeder descendent les premiers, immédiatement suivis du diplomate Von Neurath et de l'ancien chef des jeunesses hitlériennes, Baldur Von Schirach. L'architecte du Ille Reich, Albert Speer, et Walter Funk, l'ancien ministre des Finances, les suivent de peu. Rudolf Hess sera le septième et dernier à quitter le fourgon au 23 Wilhelmstrasse. Le 30 septembre 1966, après la libération d'Albert Speer (soixante et un ans) et de Baldur Von Schirach (cinquante-neuf ans), Hess reste seul.
L'organisation pénitentiaire n'en a pas été allégée pour autant. Les quatre nations occupantes (Grande-Bretagne, France, Union soviétique, Etats-Unis) se partagent à tour de rôle la responsabilité de veiller à la bonne marche de la prison. Chaque mois, un gouverneur assure le commandement pour tous les autres. Le premier mois de l'année est anglais, le dernier américain.
L'ordre est le suivant: Angleterre, France, Union soviétique, Etats-Unis. Vingt gardiens, cinq par nation occupante, surveillent étroitement Hess. Trois sont attachés à des postes fixes: un à l'entrée derrière la porte bleue, le deuxième au fond du
long corridor de rez-de-chaussée, le dernier au premier étage en face de la cellule. Chaque semaine, un médecin ressortissant de la nation de garde effectue un examen médical complet. Une fois par mois, les quatre médecins lui rendent une visite commune. Trois interprètes, enfin, permettent aux gouverneurs de s'entretenir avec le numéro 7. Il n'y a pas d'interprète français, Rudolf Hess ayant appris notre langue il y a soixante-dix ans à l'Ecole supérieure de Commerce de Neufchâtel.
Le coût du dispositif s'est élevé pour l'année 1983 à 2,36 millions de marks (environ 1 million de dollars). Cette somme est acquittée en totalité par l'Etat allemand, les Alliés ne versant que les soldes des militaires. Un règlement intérieur secret, rédigé en 1947 par les quatre Grands, fixe des conditions de détention draconiennes. Personne ne doit adresser la parole à Rudolf Hess. Lui serrer la main, le toucher, est formellement interdit. La musique aussi. Et les visites sont strictement réglementées.
Ascenseur utilisé trois fois
Son fils, Rudolf Ruedige Hess, architecte au Moyen-Orient, est autorisé à la voir une fois par mois, le mercredi ou le vendredi, à raison d'une heure trente. "Nos conversations tournent autour de ma vie familliale" explique-t-il. "Nous n'avons pas le droit de parler ni de politique ni de la période 33-45. Il n'a pas pu voir ses petits-enfants Frederika, Wolf - Andréas * et Katarina, respectivement âgés
de sept, six et quatre ans." Les quatre gouverneurs, un gardien et un interprète entourent le fils unique de Rudolf Hess à chacune de ses visites. Sa femme, Ils, quatre-vingt -• quatre ans, ne vient plus lui rendre visite depuis deux ans. Son avocat, Alfred Sidl ne s'est déplacé que cinq fois en trente-sept ans.
Un seul homme voit régulièrement Rudolf Hess: un pasteur français, Charles Gabel. Depuis 1976, il s'entretient chaque semaine pendant deux heures avec lui. Le visage émacié, les yeux clairs, un chandail ras du cou bleu marine, le pasteur Gabel entend conserver le secret sur son protégé. "Cet homme est parfaitement sain d'esprit. Il pourrait être libéré", se con-tente-t-il de dire.
Depuis 1947, l'emploi du temps de Rudolf Hess suit le même rituel. Lever 7 heures. Toilette 7h30, 8 heures: lecture des quatre journaux allemands autorisés (un par zone d'occupation). Ilh45, déjeuner spécialement préparé par un cuisinier espagnol. 13 heures, promenade dans le grand jardin. 16 heures, lecture à la bibliothèque. 17h45, dîner. 22 heures, coucher. Depuis cinq ans, Rudolf Hess regarde le soir la télévision. L'antenne lui est ouverte à la fin des journaux télévisés. Il suit les grands tournois de tennis et les rencontres de football.
L'an dernier, suite à une demande soviétique, les gouverneurs ont décidé de faire construire un ascenseur permettant au prisonnier d'accéder directement au jardin le jour où sa santé lui interdira l'escalier. Une firme allemande l'a réalisé pour la somme
La reine des bénévoles
de'200 000 marks (environ 90 000 dollars). Il ne l'a encore emprunté que trois fois.
Au cours de sa captivité, Rudolf Hess s'est découvert quatre passions: l'astronautique, la médecine, l'écologie... et Helmut Schmidt! Il a désiré qu'on lui montre des photos de l'Etat d'Israël. Après les avoir vues, il n'a fait aucun commentaire. Sa santé ne cesse de se détériorer : victime d'une déviation de la colonne vertébrale, il est sujet depuis 1982 à des attaques cardiaques. Les gouvernements français et britannique ont à diverses reprises demandé sa libération "pour raisons humanitaires". L'Union soviétique s'y est toujours opposée.
L'administration de Spandau est, en effet, avec le centre de contrôle aérien le seul organisme à gestion quadripartite de Berlin. La détention de Hess permet donc aux Soviétiques de maintenir une certaine forme de présence à Berlin-Ouest. Rudolf Hess mourra donc en prison. Un cérémonial secret a d'ores et déjà été prévu. L'uniforme de capitaine d'aviation, enfermé dans une armoire, avec lequel il sauta sur l'Angleterre sera détruit. Il en ira ainsi de tous ses effets personnels. Son corps sera remis à sa famille.
Les quatre grandes puissances qui ne veulent pas faire de Spandau le monument aux morts à la gloire des anciens compagnons d'Adolf Hitler sont tombées d'accord pour détruire l'édifice aussitôt après. Construite en 1894, année de naissance de Rudolf Hess, la citadelle de Spandau «"' paraîtra avec lui.
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4500 dollars à l'époque, et qu'ils ont mis sept ans pour la payer. Dans ce temps-là, les salaires horaires atteignaient le dollar . Dès son arrivée dans cette localité francophone de la côte ouest, Henriette se plonge dans le bénévolat: à la Paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, le club des mères, les guides - pendant neuf ans - Pour ces dernières, elle va même partir le mouvement des Jeannettes de Saint-Sacrement à Vancouver ; elle devient la première présidente des guides francophones de la région ouest qui s'étend de Saint Boniface à Victoria. Comme son fils est enfant de choeur, on forme un club, elle y est trésorière. "Je devais changer de chapeau à chaque fois".
Quand le foyer des personnes âgées de Maillardville ouvre - il se trouve en arrière de sa cour - elle y entre comme surveillante en chef, rémunérée cette fois-là. J'ai alors quitté tous les à-côté du bénévolat mais cela m'a manqué. Puis elle laisse le Foyer et devient présidente de la Commission scolaire,
du bénévolat encore. Parce qu'elle savait que le soixante-quinzième anniversaire arrivait, Henriette a encore fait le vide. Elle s'y consacrera à 100%. "On s'y préparait depuis des années", mais parce que c'était la pagaille, personne n'arrivait à s'organiser. "C'est autour de Maillardville-Uni, organisation qui regroupe toutes les associations, tous les organismes de cette localité, depuis les Chevaliers de Colomb aux scouts en passant par la Chorale des Echos du Pacifique, que l'on s'est regroupé. Nous n'avons plus deux fêtes en même temps et dans des endroits différents, et c'est la célébration du soixante-quinzième anniversaire de Maillardville qui a contribué à ce regroupement. Et c'est grâce un peu à Henriette Sévigny si le banquet du soixante-quinzième anniversaire d'il y a quinze jours a eu tant de succès. Maintenant que ses enfants sont élevés et hors de ces heures de bénévolat, que fait donc Henriette? tout simplement du camping et de la chasse à l'orignal, en fait elle accompagne son chasseur de mari.
L'ACFO reste à Ottawa
Réunis en assemblée générale à Niagara Falls les 29 et 30 septembre, les délégués de l'ACFO (Association des Canadiens français de l'Ontario) ont repoussé une motion proposant le déménagement de l'Association d'Ottawa à Toronto. Cette motion était avancée dans le but d'augmenter la pression portée par l'organisation sur .le gouvernement provincial. L'Assemblée générale à tout de même décidé l'installation d'une antenne politique de l'ACFO à Toronto et, pour faire bonne mesure, elle s'est choisi un nouveau président connu pour ses qualités de lobbying. Le remplaçant d'André Cloutier, Serge Plouffe, a en effet été le président de l'association des enseignants Franco-Ontariens, celle la même qui a obtenu en juin dernier de la Cour d'appel ontarienne que les francophones prennent le contrôle de l'enseignement en français.
L'influence de monsieur Plouffe dans les milieux politiques a d'ailleurs trouve une occasion de se manifester assez rapidement après son élection, puisque le nouveau secrétaire d'Etat, Walter McLean, l'a rencontré quelques jours seulement après son
accession à la tête de l'ACFO. Monsieur Plouffe est donc devenu le premier élément de la francophonie hors Québec à avoir rencontré le ministre, depuis l'arrivée du Parti conservateur au pouvoir.
Au cours de cette assemblée générale, les délégués ont par ailleurs adopté le plan d'ensemble mis au point à partir d'un questionnaire rempli au cours de ces derniers mois par 2 000 Franco-Ontariens. L'ACFO place donc désormais au rang de ses priorités absolues l'enseignement, et la reconnaissance des droits des francophones dans la constitution ontarienne.
Calgary a son école francophone
Edmonton à son école francophone depuis septembre et une pré-maternelle en français ' depuis début octobre. Calgary n'est pas en reste puisque la commission scolaire vient d'y ouvrir l'Ecole Saint Antoine qui regroupe 130 élèves de la maternelle à la sixième année. Alors que les parents commençaient à perdre l'espoir de pouvoir mettre un jour leurs enfants dans une école en français à Calgary
(on en parle depuis des années...), la nomination d'un directeur, Gerry Bissonnette, a semble-t-il bousculé les événements. II a en effet engagé une équipe dans un temps record et l'école fontionne aujourd'hui officiellement, et en français. Seule l'enseigne de l'école conserve le nom anglais de l'ancienne établissement mais selon Gerry Bissonnette, "ça viendra".
Où acheter son Soleil ?
Nous vous donnons la liste des distributeurs où vous jpouvez acheter Le Soleil de Colombie (si vous n'êtes pas abonné).
Le Bouquineur, 1222, rue Robson
Le Croque-Bouquins, 795, 16ème avenue ouest
European News, 1136, rue Robson
La Madrague, boucherie française, Marché Granville,
! sur l'île Granville
(Mayfair Broadway, 1515, rue Broadway ouest
(Restaurant «La Québécoise», 2537, rue Granviîfe-
'Universal News, 132, rue Hastings Est
;Le Soleil de Colombie, 3283, rue Main
|Via Rail, tabagie, dans la gare du CN, coin rue Station
et Terminal VIP Granville, 2440, rue Granville çt dans le train Vancouver-Montréal.