DE COLOMBIE
Courrier de 2ème cluse Second class mail N° 0046
VOL 17 No 26 VENDREDI 19 OCTOBRE 1984 Le seul journal de langue française de la Colombie britannique
30 cents
Centre culturel-Secrétariat d'Etat
Plus ça change, plus c'est pareil...
Par Jean-François Fournel
Une audience publique organisée par une consultante d'Ottawa engagée par le Secrétariat d'Etat a lieu jeudi 18 octobre pour étudier l'impact réel du Centre culturel colombien et l'utilisation qu'il fait de l'argent fédéral. Un détail fait grincer cette organisation montée selon le Secrétariat d'Etat, "dans un esprit positif': "le principal intéressé le Centre culturel, a appris la nouvelle par le "Soleil de Colombie".
Incompréhension, manque de communication, mauvaise volonté, bonne volonté mal utilisée, quiproquo... difficile de trancher. Pourtant, une chose est sûre : la situation qui a conduit une compagnie de consultants d'Ottawa, engagée par le Secrétariat d'Etat, à organiser une audience publique sur les activités du Centre culturel sans s'être assuré de son accord, est au mieux la
conséquence malentendus
d'une série de
PREMIER MALENTENDU. En mai dernier, lors de
l'entente de contribution financière entre le Secrétariat d'Etat et le Centre culturel, le Centre reçoit bien ses 144,339 dollars pour l'année, mais il s'engage en contrepartie à se soumettre à une étude qui déterminera son impact sur la communauté. Le Secrétaire d'Etat veut savoir où passe son argent, rien de plus logique... Pourtant, dans l'esprit des responsables du Centre culturel, ce mot étude raisonne étrangement comme le mot enquête. Et ils ont des raisons d'avoir mal entendu. En effet, au moment de
cette entente de contribution, on sort à peine de la crise "Kaléidoscope", au cours de laquelle le Secrétariat d'Etat a brutalement décidé de couper la subvention du programme Kaléidoscope en avançant que le Centre culturel devrait désormais aller chercher sa subvention auprès du ministère provincial de l'Education. D'autre part, le Centre culturel fait partie des mauvaises têtes du "groupe des six" qui s'opposent régulièrement aux options du Secrétariat d'Etat en général et en particulier à son représentant en Colombie britannique, Huguette LeClerc. En mai dernier, dans les couloirs du Centre culturel, on se dit "qu'on déclare la guerre, qu'il fallait s'y attendre...". De toute façon étude-sanction ou pas le Cen-
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Sondage
La C.b. en queue sur l'enseignement du français
Par Jean-François Fournel
56.5% des habitants de C.b. de langue anglaise ont estimé que leurs enfants devraient apprendre le français à l'école. Ce chiffre, relativement faible par rapport aux "deux tiers" établis pour l'ensemble du Canada, constitue néanmoins un résultat satisfaisant si on le compare à d'autres sondages analogues réalisés antérieurement.
Comparés aux 83% des Maritimes, la Colombie bri-
tannique fait un peu pâle figure avec ses 56,5% de parents anglophones s'étant prononcés en faveur de l'enseignement du français à l'école. Pourtant, le sondage Gallup. réalisé dans tout le Canada sur la demande de Canadian Parents for French (favorables au développement de l'immersion), montre un progrès notable par rapport à un sondage semblable réalisé
en 1982 au niveau de la Colombie britannique uniquement par "BC Parents for French".
A l'époque, 51% .des personnes interrogées en C.b. avaient estimé que leurs enfants devaient apprendre le français et, sur ces 51%, un gros quart estimait que l'immersion constituait en 1982 la meilleure méthode d'enseignement. La grosse majorité pensait en effet que "le français de base" (vingt minutes
de français en moyenne par jour) était bien suffisant.
En 1984, la tendance s'est renversée. Près de 40% de l'ensemble des personnes interrogées en Colombie britannique (et non pas seulement des parents faisant partie des 56,5% ayant répondu oui à l'enseignement obligatoire en français ) préfèrent l'immersion dès la maternelle aux "vingt minutes Par jour". Autrement dit, plus des trois quarts des parents favorables au français à l'école (40% de 56,5%) pensent aujourd'hui que l'immersion est le meilleur moyen pour leurs enfants de l'apprendre.
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Louisiane:1803-1968
, Par Annie Granger
Ils le font pour le plaisir, pour l'aventure, mais surtout pour le contact humain. Ils sont Français, ils sont routards, l'un sur son scooter, les deux autres en voiture. De l'Alaska vers la Terre de Feu, ils ont descendu les mêmes routes de la Colombie britannique, ils se sont arrêtés au même moment à Vancouver - le temps de voir quelques journalistes -sant toutefois se rencontrer.
Jean-Claude Hunin 45 ans et son épouse Jocelyne ont déjà parcouru 200 000 kilomètres à bord d'une jeep arrangée s«r toutes les routes: Europe, Pacifique sud, Australie, Asie du Sud est, Moyen-Orient, Etats-Unis, Amérique Centrale, mais c'était la première fois que ce couple de "globe-trotteurs" traversaient Vancouver. Partis de Paris le 24 mai 1981, ils
•Portrait de voyageurs—
Le monde sur quatre et deux roues
mi
ris
DU PALAIS DES C0NGRE5
n'étaient à cette époque-là pas seuls: ils étaient six routards, dont un photographe-cameramen, un mécanicien et trois véhicules tout terrain. Commandités par l'hôtel Concorde Lafayette de Paris et par la compagnie pétrolière française Elf Aquitaine, l'équipe avait pendant deux ans effectué le trajet Paris -Nouméa (Nouvelle Calédonie) traversant la Turquie et toute l'Asie. Ils en avaient ramené une série télévisée "les Carnets de l'aventure". Après un arrêt à Paris, ils repartaient pour ce voyage-ci, et depuis novembre 1983, ils ont visité les Maritimes, la Floride, le Texas, le Mexique, le Guatemala, les Etats-Unis, le Québec,
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Le français, langue étrangère
Par Jean-François Fournel
D'abord colonisée par les Français, puis partagée entre l'Angleterre et l'Espagne, la Louisiane, grâce aux victoires de Napoléon, est redevenue française en 1803 pendant vingt-deux jours, juste le temps pour l'Empereur de la vendre aux Etats-Unis. La langue française a attendu jusqu'en 1975 pour se relever de cette trahison et être reconnue par le gouvernement fédéral. Entre temps, elle était devenue une langue étrangère aux yeux de Washington, un patrimoine à défendre pour les francophones, et le symbole d'une certaine indépendance vis-à-vis de la Maison blanche pour les autorités Louisianaises.
Quand la jeune Confédération américaine a acheté en 1803 la Louisiane à la France, le français ne figurait pas au contrat de vente. Au contraire, sans tenir compte d'un document officiel établissant la population louisianaise à 43 000 âmes, presque toutes francophones, Washington a fait aussitôt que possible de l'anglais la seule langue officielle de la province. Quand l'état fédéral a doté la
Louisiane d'une constitution, en 1812, il était bien spécifié que tous les documents officiels, devaient être rédigés "dans le langage'de la constitution des Etats-Unis".
C'était sans compter sans le taux de résistance "naturel" des Louisianais vis-à-vis du gouvernement fédéral. En effet, malgré les dispositions sans ambiguïté de la constitution de 1912, nombre de causes juridiques étaient en-
tendues en français et une bonne partie de la population, surtout dans le Vieux carré de la Nouvelle Orléans,-considéraient l'anglais d'une flagrante nullité. En outre, nombre de notaires, dont la plupart exerçaient déjà avant l'achat de la Louisiane, ne parlaient que le français.
Ce tohu bohu juridique n'aurait évidemment jamais pu avoir lieu sans l'approbation officieuse des autorités louisianaises. En 1925, la résistance à l'anglicisation du gouvernement du nouvel état est apparue au grand jour. Lors de la rédaction d'un nouveau code civil en 1825, tout a d'abord été écrit en français pour être traduit après coup en anglais. De plus, deux versions du code ont été publiées, l'une en anglais et l'autre en français et
certains articles prévoyaient le cas où l'une des deux parties en présence dans une cause parlaient français était francophone. Le jugement et les audiences devaient alors avoir lieu dans les deux langues. Tout ceci allait à l'encontre de la Constitution de 1912.
Face a cet état de rébellion juridique larvée, la Maison blanche a fini par se résoudre à admettre que la Louisiane devait avoir un statut particulier dans l'Union. Une nouvelle constitution de la Louisiane a donc été adoptée en 1845, qui rendait l'état officiellement ' bilingue. Ainsi •l'article 129 prévoyait: "La constitution et les lois de l'Etat seront publiées en anglais et en français". Quand à l'article 104, il était on ne peut plus clair. "Le Secrétaire du Sénat Suite en dernière page
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La bonne année des Alliances
François Hingue. directe e l'Action à l'étranger
directeur
de l'Action à l'étranger de l'Alliance française de Paris, la maison mère de toutes les alliances du monde, vient de faire une tournée des établissements canadiens. A deux semaines de l'assem-
blée générale de l'Alliance de Vancouver, et un an après l'arrivée d'un nouveau directeur, c'était l'occasion de dresser le bilan des Alliances au Canada en général et à Vancouver en particulier: un bilan positif.
Les Champs-Elysées en «Corvette»
Si vous partez pour une fin de semaine à Paris et que vous entendez visiter l'Arc de Triomphe, Versailles et le Louvre sous l'oeil ébahi des Parisiens, vous pouvez louer une Corvette chez un loueur spécialisé qui vient, de se lancer. Il vous en coûtera environ 800 dollars, somme plus que raisonnable, vous en conviendrez, pour parader.
Si un Français veut faire de même, il ira chez le
loueur en question, qui lui fera payer l'équivalent de 800 dollars, soit 5 800 francs. Quand on sait que le salaire moyen des français se situe entre 5 000 et 6 000 francs, le petit tour de deux jours en Corvette, voiture relativement courante ici, devient tout simplement un luxe inoui. Et tant qu'à payer un prix astronomique, je préfère un petit tour en navette spatiale.
Oncle Archibald