2. Le Soleil de Colombie, 12 Juillet 1974
LE
El L
de Colombie
LE SEUL HEBDOMADAIRE DE LANGUE FRANÇAISE DE LA COLOMBIE-BftITANIQUE
Conseil d'Administration A. Piolat J. Baillaut J. M. Bergman Directeur: André Piolat Rédacteur: Roger Julien Collaborateur: Jacques-Serge Neveu
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Courrier de deuxième classe sous le numéro d'enregistrement 0046
LES HEBDOS OU CANADA
Commentaire
par André BRETON
En politique, comme au hockey, il y a deux façons d'expliquer une victoire-surprise: ou bien on dit pourquoi l'un a gagné, ou bien - et c'est souvent plus facile ainsi - on explique pourquoi l'autre a perdu. Ainsi, la victoire libérale de lundi s'explique plus par la défaite du programme conservateur que par le triomphe des promesses libérales. C'est tout demême assez bizarre que, pris au piège de l'inflation, l'élec-
torat ait reporté au pouvoir des gens qui disent tout haut qu'ils ne feront rien pour remédier à la situation. Encore là, il faut formuler l'analyse par la négative: pris au piège de l'inflation, l'électorat a donné tète baissée dans le malaise, plutôt que de ris-
quer des remèdes qui auraient pu aggraver, non pas le mal, mais la situation particulière de chaque individu.
On peut dire à ce sujet qu'on a rejeté autant le contrôle des salaires, qui faisait peur, face aux prix élevés à la consommation, que le contrôle des prix, qui fait peur, face à l'humeur des sociétés commerciales.
Quant à la débâcle de la députation néo-démocrate,
elle procède avant tout d'une peur d'élire à nouveau un gouvernement minoritaire. C'est beaucoup de peur pour un seul jour. . . !
N'empêche que la déroute "socialiste" étant plus accentuée en Colombie-Bri-
tannique, elle donnera passablement à réfléchir à M. Barrett, bien que le degré de relation ici soit difficile à évaluer. Que res-te-t-il donc à venir. Probablement trois congrès de leadership, qui tenteront de relancer les partis conservateur, créditiste et néodémocrate dans une mêlée, forcément, aujourd'hui, lointaine.
Peut-on finalement soupeser l'influence très minoritaire de la minuscule minorité francophone de la province. A en croire les politiciens d'ici, cette minorité est peut-être là, mais si elle est là, on ne la voit pas. Aussi le questionnaire envoyé par la Fédération des Franco-Colombiens n'a-t-il énervé personne. Et la dizaine de candidats relancés par téléphone, s'ils ont en général exprimé des points de vue favorables, ont quand même manifesté le désir de voir cette minorité sortir de sa somnolence de minorité officielle et dire bien haut ce qu'elle veut tout bas. Et comme on peut leur citer nombres de mémoires et de représentations émanant de la Fédération, il faut en conclure que les mémoires ne suffisent pas, et que la revendication doit déboucher sur l'action, pour ne pas dire sur l'agitation.
C'est là un processus osé, peut-être, mais qui a fait. ses preuves chez des plus petits. En tout cas, c'est le seul qui semble donner des résultats. Faudra donc songer à montrer les dents et ne pas rater la prochaine occasion, soit l'élection provinciale, pour pousser les aspirants-députés à avouer leur compréhension de la dualité canadienne.Il ne sera
pas nécessaire de raireplus que de porter le débat électoral sur cette question. Le reste est affaire de mentalités à changer, et si le débat politique s'en mêle, les bonnes nouvelles viendront peut-être plus vite que prévu.
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EDITORIAL
Les élections
Pour la trentième fois depuis le début de la Confédération, les canadiens ont élu un gouvernement.
Comme à chaque élection, ils sont sans doute nombreux ceux-là qui, se basant sur les résultats de sondages, leurs connaissances réelles ou leurs intuitions personnelles, ont voté pour gagner leurs élections. Rien de surprenant à cette attitude, dans un monde où, à tout moment, on nous invite à gagner: gagner savie, gagner à la loterie, gagner un concours de beauté, gagner une compétition sportive, etc. . .
Beaucoup de Canadiens ont certainement voté pour un programme ou contre un programme. Les premiers ont ainsi accordé leur appui ou leur confiance aveugle aux membres de tel parti qui, au cours de congrès spéciaux ou de réunions annuelles ordinaires, ont bâti le programme.
D'autres Canadiens ont voté pour tel candidat dans leur circonscription électorale, car c'est celui qu'ils jugeaient le plus apte à les représenter adéquatement. Ce qui revient à voter pour un programme, le candidat ayant pieds et mains liés au parti auquel il appartient et donc au programme de ce parti.
Des électrices et des électeurs, de moins en moins nombreux, il faut l'espérer, ont voté pour élire un chef: le plus beau, le plus fin ou encore celui qui parle le mieux, ou fait les plus belles promesses". "Je n'en aime aucun particulièrement", de dire cette jeune femme de cultivateur du Saskatchewan", "Trudeau, ça peut toujours aller, mais si les conservateurs avaient un autre chef, je voterais peut-être pour eux".
Certains ont voté pour tel parti parce que c'est la tradition dans la famille, ou encore c'est pour faire comme le conjoint ou pour. . .contrarier le conjoint.
Nombreux sans doute aussi sont les Canadiens qui ont annulé leur vote pour obéir à une consigne donnée ou encore parce qu'ils ne croient plus en notre système politique et électoral dit "démocratique".
"C'est un impérieux devoir de voter le 8 juillet". Votez pour n'importe qui, mais de grâce votez". Combien d'électeurs conditionnés à ce faire par ces appels pressants, ont, pour soulager leur conscience, fait une croix au hasard sur le bulletin de vote sans connaître ni les programmes ni les (hommes) candidats .
S'il se trouve cependant à chaque élection des citoyens, qui, insatisfaits du gouvernement sortant, votent pour le parti le plus fort dans l'opposition, "Mon sentiment, de dire cette femme du comté de Rêgina Lake Centre, est qu'il faut voter contre le gouvernement; comme le NPD n'a pas de chance de gagner, je vote pour le parti le plus fort", s'il se trouve aussi des électeurs qui votent pour essayer du neuf". "J'ai voté NPD en 1972. C'était nouveau.. Mais je pense que ça ne marche pas", il semble que cette fois-ci, les électeurs de ces deux catégories ne soient pas tellement nombreux, le gouvernement Trudeau ayant été reporté au pouvoir avec une trentaine de députés en plus.
Mais quelle que soit sa façon de voter, en ce faisant, le citoyen se départit de son "petit pouvoir" politique, de sa responsabilité politique propre, pour confier le tout à un candidat qui, s'il est élu, deviendra ainsi le dépositaire de tout le pouvoir politique des citoyens de son comté. . .de tout le pouvoir, même si une minorité absolue seulement a voté pour lui. Et le pouvoir de ce candidat élu sera encore minimisé par le fait que peut-être, il se retrouvera dans l'opposition.
Notre système a des vices qu'il ne serait sans doute pas si difficile de corriger. Tout citoyen responsable devrait pouvoir conserver et user de son pouvoir politique autrement qu'en faisant une croix sur un bulletin de vote tous les quatre ans.
Quoiqu'il en soit, il faut espérer que les 264 élus du 8 juillet feront bon usage de tout le pouvoir qui leur a été confié, gouvernant en vue, uniquement, du bien commun, respectant les libertés individuelles et les droits égaux de tous à la Vie et au Bonheur.
Roger Julien