8. Le Soleil de Colombie, 12 Juillet 1974
sobl e
par Ariêle Marinie.
Je n'avais jamais connu que le Nord. La neige, la glace, l'air coupant. Le Silence. Pour moi, le Nord était symbole d'éternitéj Ce qui Etait avant l'homme, et qui Serait, après l'homme. Le Nord, seule vérité.
Puis des hommes sont venus, des hommes bruyants qui gesticulaient sans cesse, s'agitaient sans toutefois réaliser quoi que ce soit. Ils ne comprenaient pas le Nord. Pour eux, la glace n'était qu'un obstacle, le froid un ennemi à vaincre.
Ils commencèrent par planter leurs tentes puis, les jours suivants, se mirent à construire des abris de béton. Leurs marteaux résonnaient du matin jusqu'au soir, des hélicoptères apportaient sans cesse de nouveaux matériaux destinés à la construction des affreux bâtiments.
Ils avaient détruit le silence.
* * *
Alors j'ai décidé de partir. J'ai décidé de chercher le Silence ailleurs. J'ai offert mes services à ces hommes que je détestais, pour gagner de l'argent. Je les ai aidés à construire leurs bâtiments de béton. Puis, quand j'ai eu assez d'argent, je leur ai demandé de m'emmener dans un de leurs hélicoptères, vers les grandes villes. . .
L'argent que j'avais gagné dans le Nord ne dura pas longtemps. Il fallut que je cherche un emploi.
Je dus passer plusieurs années dans ces villes turbulentes et sales. Ma vie n'était pas facile. Elle n'avait pas beaucoup de sens non plus: J'avais perdu cette grande confiance dans la vie et dans la mort que l'on a dans le Nord. J'avais oublié les myriades d'étoiles qui tournoient dans le ciel pendant la longue, nuit d'hiver. . .Je n'avais plus conscience de l'Eternité.
Comme les gens des grandes villes, je ne pensais qu'à gagner de l'argent pour acheter des objets inutiles. Je m'inquiétais sans cesse pour des choses sans importance. J'étais devenu l'un des imombrables petits insectes qui pullulent dans les rues, fébriles et inconséquents. J'étais malheureux. Je me sentais souvent seul et fuyais ma solitude dans les tavernes. La vie était devenue à la fois compliquée et étrangement vide.
Les gens d'ici parlaient du Nord comme d'une terre barbare. Pourtant, rien ne me semblait plus barbare que ces villes où l'être humain dépensait sa force et son intelligence pour des futilités! Ou la Pensée se dissolvait dans le brouhaha et la fumée!
Je me rappelais le silence du Nord et j'étais malheureux.
Je savais que si j'y retournais, j'y serais étranger, je ne serais plus Un avec la neige et la glace. Je serais l'un de ceux qui construisent des bâtiments de béton et dérangent le silence avec le rugissement de leurs avions.
Non, je n'étais plus moi, je n'étais plus le fils du Nord! A mon tour, je recherchais une fausse chaleur, une fausse fraternité auprès de gens que je n'aimais pas vraiment, dans les tavernes, je me contentais d'une illusion de vie dans les rues hystériques.
â suivre.
I
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Notre ami John, le plus "francophone" des anglophones, rentre de ses vacances, qu'il a prises en France, il a été enchanté de ses visites aux châteaux de la Loire.
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M. Batut.
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