Le Rempart, le 19 janvier 1983 � p. 4
Le mouvement coop�ratif: une force franco-ontarienne
Le titre en aura peut-�tre surpris plusieurs, mais il n'en demeure pas moins exact. En effet, bien qu'elle ne soit pas une force typiquement franco-ontarienn^, la coop�ration constitue un excellent instrument que les Fran-co-Ontariens peuvent contr�ler, diriger et poss�der.
Le mouvement coop�ratif francophone en Ontario est d�j� �tabli depuis longtemps et il s'�tend � travers toute la province. D existe environ une centaine de coop�ratives oeuvrant dans plusieurs secteurs diff�rents. Celui du cr�dit et de l'�pargne est le plus important et il constitue environ 75% de tout le mouvement coop�ratif de la province. Les autres types d'institutions coop�ratives sont principalement l'habitation, l'agriculture et la consommation. Toutefois, il en existe d'autres genres plus rares tels qu'une coop�rative fun�raire.
Ainsi, il est facile de constater que la philosophie coop�rative ne s'applique pas seulement � un secteur d'activit�s; au contraire elle peut s'adapter � une foule de possibilit�s. Mais quelle est donc cette philosophie coop�rative?
Elle est tr�s simple. Il s'agit de personnes qui, collectivement, se donnent des outils pour r�pondre � des besoins qu'individuellement ils ne seraient pas en mesure de satisfaire. C'est une participation commune � la propri�t�, o� tous sont �gaux: un membre,, un vote. La personne membre d'une coop�rative se d�finit � la fois comme en �tant "propri�taire � usager � b�n�ficiaire".
Voil� ce qui forme la base de toute coop�rative, peu importe son secteur d'activit�s. C'est cette formule qu'Alphonse Desjardins a mis en application au d�but du XXe si�cle alors qu'il a jet� les bases d'un mouvement consid�r� aujourd'hui comme l'une des plus belles r�ussites de la soci�t� qu�b�coise: le Mouvement des
caisses populaires et d'�conomie Desjardins du Qu�bec.
Alphonse Desjardins, le fondateur des coop�ratives d'�pargne et de cr�dit en Am�rique du Nord, a �galement �t� celui qui f�t � l'origine des caisses populaires en Ontario.
Effectivement, c'est lui qui a fond� la premi�re caisse populaire ontarienne � Ottawa en 1912. D s'agit de la Caisse populaire Ste-Anne d'Ottawa. De plus, il a particip� activement � la mise sur pied de plusieurs autres caisses � travers la province. Lorsqu'il a cr�� ces institutions, Alphonse Desjardins esp�rait certainement qu'elles deviennent florissantes.
D'abord des entreprises strictement paroissiales, les caisses populaires se sont d�velopp�es tr�s rapidement au cours des ans, d�pendant � la fois de l'initiative locale et, �videmment, des besoins des diff�rentes communaut�s. "
Aujourd'hui, soit 70 ans apr�s le geste historique d'Alphonse Desjardins, les caisses populaires ontariennes forment un r�seau d'institutions coop�ratives install�es presque partout � travers la province o� existe des communaut�s francophones. En traduisant cette situation en termes math�matiques, nous en arrivons � des chiffres � la fois consid�rables et impressionnants.
R�parties principalement en six r�gions diff�rentes, 69 caisses populaires administrent des actifs s'�levant � environ $750,000,000. A c�t� de ces statistiques financi�res, il faut ajouter des ressources humaines aussi tr�s �loquentes. Plus de 175,000 soci�taires participent � leur caisse populaire sans oublier les 600 dirigeants et 500 employ�s qui y consacrent leurs �nergies.
D faut surtout retenir de tout cela le fait que cet ensemble appartient � 100% aux 175 000 membres. Ce sont eux qui dirigent et contr�lent: c'est cela
REPARTITION DES SECTEURS D'ACTIVITES DES COOPERATIVES FRANCO-ONT ARIENNES*
Type de coop�rative
Caisse populaire
Agricole
Consommation
Fun�raire
Artisanat
Habitation
Divers        ^�^
TOTAL
* Selon les statistiques disponibles au Conseil de la coop�ration de l'Ontario.
	$ par rap-
	port � l'en-
Nombre	semble
69	73%
14	15%
5	5%
1	1%
1	1%
3	3%
2	2%
95	100%
la philosophie coop�rative.
La seule raison d'�tre d'une coop�rative, c'est ses membres et son ultime objectif, c'est de r�pondre le plus efficacement possible � leurs besoins. Au niveau d'une caisse populaire, ces besoins ne se limitent pas simplement � de l'�pargne ou du cr�dit. Bien s�r, ce sont ses premiers objectifs mais la caisse joue aussi un r�le socio-culturel dans la communaut� o� elle est �tablie. Ce double r�le ne date pas d'hier; c'est Alphonse Desjardins qui l'a attribu� aux caisses.
Cette responsabilit� sociale se traduit par diff�rentes initiatives communautaires. Par exemple, au niveau de l'�ducation, elle est la seule institution � sensibiliser les jeunes � J'�pargne en mettant sur pied des "caisses-scolaires".
L'action de chaque caisse au domaine de l'implication sociale d�pend des besoins exprim�s par sa communaut�. A Coniston, par exemple, localit� situ�e tout pr�s de Sudbury, la caisse de l'endroit a �t� responsable de la construction d'une r�sidence pour personnes �g�es. Pourquoi la caisse s'est-elle impliqu�e dans un tel projet?
Tout simplement pour r�pondre � un besoin. Un tel immeuble n'existait pas et les gens devaient quitter la ville puisqu'on ne pouvait pas r�pondre � leurs besoins. Les dirigeants de la caisse se sont donc charg�s de corriger la situation. C'est �a une caisse populaire.
Dans d'autres localit�s comme celle de Welland, par exemple, la caisse consacre beaucoup d'�nergie � faire la promotion et la d�fense des droits de la francophonie.
Ainsi, chaque caisse populaire^se-lon les besoins et les ijectitYde sa communaut� y manifeste sa pr�sence de fa�on dynamique et sp�cifique.
Les caisses sont enti�rement autonomes. Chacune est dirig�e par un conseil d'administration �lu parmi et par les membres lors des assembl�es annuelles. Les d�cisions quant � l'orientation et aux politiques des caisses sont donc prises localement.
Sur une grande �chelle, chaque caisse est libre de s'associer ou pas � un organisme provincial. D en existe deux en Ontario: La F�d�ration des caisses populaires de l'Ontario Inc. et l'Alliance des caisses populaires de l'Ontario limit�e. La premi�re regroupe 53 caisses populaires et l'autre dix; trois caisses ne sont pas affili�es � ni l'une ni l'autre et trois sont membres de la Centrale des "Cr�dit Unions" de l'Onta-
rio.
Bien que les caisses constituent le plus impprtant mouvement coop�ratif francophone de la province, il existe d'autres types de coop�ratives qui affichent d'aussi belles r�ussites.
Les coop�ratives agricoles de l'est on-tarien forment un bon exemple. Les secteurs Ottawa-Est et St-Laurent regroupent six coop�ratives agricoles soit: Vankleek Hill, Alexandria, Carence, Cornwall, Finch et Chesterville. Elles sont aussi affili�es � un organisme provincial appel� l'Union des coop�ratives de l'Ontario. Cette . association compte pr�s de 50 000 membres actifs/ et a r�alis� un �ffre de ventes de $104 millions au cours de son dernier exercice social. Les deux secteurs de l'est regroupent environ 2,300 membres. Les  coop�ratives
agricoles ont comme vocation primordiale de combler les besoins des gens impliqu�s dans l'agriculture: l'achat de produits et quincaillerie agricole, conseils sp�cialis�s, service d'information, magasins qui ach�tent leur pro; duction et qui l'�-coulent � toute la population.
Le domaine de l'habitation est �galement accessible � la philosophie coop�rative, et les exemples sont nombreux � travers l'Ontario.
Plus particuli�rement il existe trois coop�ratives d'habitation � Ottawa. La derni�re-n�e est la coop�rative d'habitation De Lasalle dont la construction se termine � peine.
La formule est tr�s   populaire:   la
premi�re pellet�e de terre n'�tait pas encore lev�e que d�j� il y avait plus de 170 demandes d'adh�sion. C'est donc dire qu'elle r�pond effectivement � un besoin.
La coop�rative De Lasalle compte 84 logements. Elle permet � des familles de poss�der collectivement une propri�t�, ce qu'elles seraient incapables de r�aliser s�par�ment. Voil� donc une autre illustration des avantages de la formule coop�rative. Une diff�rente application que certains consid�rent inusit�e se retrouve dans le domaine fun�raire. La coop�rative fun�raire de Sudbury en est un exemple. D'ailleurs cette r�gion de la
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