4 - Le Soleil de Colombie, vendredi 16 décembre 1983 L'Ambassadeur de France : «Le commerce entre la France et la C.B. est appelé à se développer» Par Jean-François Fournel L'Ambassadeur de France au Canada, M. Jean Béliard, vient d'effectuer une visite officielle de quatre jours en Colombie britannique. D a rencontré le Premier ministre Bill Bennett et visité le site d'Expo 86. D évoque les relations franco-colombiennes, le problème de la francophonie, et sa propre expérience d'écrivain. "J'ai trouvé le Premier ministre extrêmement i ompréhensif et averti des problèmes français". M. Jean Béliard, Ambassadeur de France à Ottawa n'entend rien dévoiler de plus sur ses quarante-cinq minutes de conversation avec Bill Bennett. "Ce serait parfaitement impoli de ma part, i-xplique-t-il, je peux cependant dire que nous sommes tombés d'accord pour trouver les relations franco-colombiennes pas assez fortes." Visiter les provinces du Canada est une tradition poui les ambassadeurs français en poste à Ottawa. C'est pour eux l'occasion de faire le point sur les relations de la province avec la France et de resserrer les liens économiques. Ainsi, M. Béliard a rencontré à Victoria M. Curtis, le ministre des Finances. "Pas de contrat mirobolant à la clef, souligne l'ambassadeur de France, mais le commerce entre la France et la Colombie britannique est sans l'ombre d'un doute appelé à se développer. Par exem pie, les voyages d'industriels français ici pourraient être multipliés." Les échanges commerciaux sont déjà très nombreux, mais la balance penche nettement en faveur de la Colombie britannique à qui la France a acheté pour 200 millions de dollars de bois, saumon (etc.) contre seulement 46 millions de vins, fromages, aciers spéciaux, pneumatiques... La Colombie achète d'autre part beaucoup d'hélicoptères, de voitures (Renault), mais ces produits n'apparaissent pas dans les statistiques car ils sont d'abord achetés par des importateurs américains ou québécois qui les revendent ensuite en Colombie britannique. En 1986, la France aura d'ailleurs l'occasion de montrer à Vancouver sa technologie du transport, et notamment le fameux TGV (train à grande vitesse, qui roule à 260 km à l'heure). "Nous nous apprêtons à apporter le dernier cri de la technique française lors de l'Expo 86, dit M. Béliard ; nous attachons beaucoup d'importance à cette manifestation." "Nous avons été la deuxième nation euro- péenne à assurer Vancouver de notre participation, et la huitième dans le monde". Les modalités de la participation française à Expo 86 ne sont pas encore précisées, mais un commissaire général a déjà été nommé par Paris et un pavillon de 1500 mètres carés est d'ores et déjà prévu. Dans la mesure de nos moyens Question piège pour un ambassadeur de France en visite au Canada "anglais", la francophonie. L'ambassadeur Béliard met tout de suite les choses au point: "En tant que pays ami et allié, il ne nous viendrait jamais à l'idée de nous mêler de la vie du peuple canadien". Dont acte. Tout de même, M. Béliard souligne l'aide apportée par le gouvernement français gTâce à l'Alliance française, aux professeurs détachés à UBC et à l'université de Victoria, aux quinze stages de formation d'un mois dans les universités françaises pour des professeurs colombiens, à l'attaché culturel du consulat... "II y a beaucoup de possibilités pour la francophonie au Canada, indique M. Béliard, malheureusement, nous n'avons pas les moyens financiers de faire tout ce que nous voudrions. Notre budget est très limité". Selon l'Ambassadeur de France, les problèmes de la communauté francophone ont déjà beaucoup diminué depuis quelques années. "Des centaines de milliers de gens parlent le français depuis des décennies contre vents et marées, expli-que-t-il ; aujourd'hui, ils le font avec vents et marées, grâce à la politique de M. Trudeau". Les problèmes de la langue française, il les connaît lui-même assez bien. Et de près puisqu'il a écrit deux romans policiers: "Vertige en eau profonde" et "Meurtre à ï'Alpe d'Huez" dont le premier a remporté le Prix du Quai des Orfèvres en 1964. Malgré tout, il ne se prend pas pour un écrivain. "J'ai terminé mon troisième roman il y a dix ans et n'ai même pas trouvé le temps de le relire. Et depuis, je n'ai pas écrit autre chose que des rapports administratifs". La vie d'ambassadeur semble laisser bien peu de loisir pour écrire. "Je m'y remettrai peut-être quand je serai à la retraite, dit-il, sans avoir l'air de l'espérer vraiment. Et la retraite pour M. Béliard, c'est bientôt. Il quittera le Canada en mars prochain, puis passera deux ans en poste à Paris avant de cesser son activité dans les Affaires étrangères. "Si je ne reprends pas la plume, conclut-il en boutade, ce ne sera pas un drame pour la littérature française car elle peut se passer de moi." Deux démissions à la F, Suite de la page 1 Pour résoudre ce problème, le dernier Conseil des présidents a demandé à la Fédération de faire de nouvelles propositions et d'écrire un rapport sur la question d'ici le mois de mai. Par exemple, plusieurs réunions de la F.F.C. et de TA.P.P.CF. ont eu lieu le même jour cette année et Jack Ethier, en tant que secrétaire de l'A.P.P.CF. ne pouvait se permettre de manquer celles de l'Association de parents. La tâche d'enseigner le français est très difficile. Il faut du dévouement et Jack Ethier comme Jaquelin Rutherford en ont montré beaucoup. Cependant, à leur place, je n'aurais pas agi comme cela. Quand on croit à F.C. quelque chose, on ne démissionne pas!" Fernand Gilbert: "Regrettable" "Je trouve regrettable que certains membres du Conseil d'Administration n'aillent pas jusqu'au bout de leur mandat. Mais démissionner fait partie de la liberté de chacun." "J'ai toujours eu de franches relations avec les membres du Conseil. J'ai été surpris par cette démission, mairce sont des choses qui arrivent dans toutes les organisations. Il y a eu désaccord, c'est certain, mais je remercie quand même Jack Ethier et Jaquelin Rutherford pour leur collaboration." Des cadeaux pour tout le monde Suite de la page 1 plus sévères sur la dissémination de matériels pornographiques. • Aux traîtres, espions et révolutionnaires, la création d'une agence (type CI.A. américaine) pour surveiller et contrôler leurs activités. • Aux gens d'affaires, fermiers et ouvriers qui, en raison des vicissitudes économiques ne peuvent plus satisfaire à leurs obligations monétaires, une plus grande protection contre la rapacité des financiers crapuleux, en améliorant la loi sur les banqueroutes. • Aux autochtones, l'établissement d'un système d'auto-gouvernement. • Aux féministes, de l'aide financière dans leurs efforts d'égalité avec et protection contre la gente masculine. • Aux propriétaires de maisons familiales, une protection contre les hausses exagérées des intérêts hypothécaires. • La création d'agences d'exportation, de développement industriel, etc, etc, etc. Devant cette multitude de promesses, connaissant la lenteur des travaux parlementaires due à certains députés, plus intéressés à l'image politique de leur parti qu'à l'efficacité de la Chambre, un cynique serait tenté de se demander si le gouvernement est sérieux et à l'intention de demeurer au pouvoir jusqu'à ce que la dernière de ces promesses soit devenue loi, ou si ce n'est là que l'avant-goût des promesses d'une élection imminente. Le Consul de France décoré M. Marcel OUivier, Consul général de France à incouver, a été fait officierde la Légion d'honneur par M. an Béliard, Ambassadeur de France à Ottawa, de passage Colombie britannique pour une visite de quatre jours. La gion d'honneur, particulièrement à titre militaire, est la us haute distinction française. M. Marcel OUivier est ainsi ompensé pour ses activités dans la "France libre" lors de dernière guerre mondiale. Medicare sera gratuit Par André Piolat Mme Monique Bégin, ministre fédéral de la Santé, a déposé en Chambre son projet de nouvelle loi de la santé. Le point saillant de ce projet de loi est la pénalisation financière des provinces qui perçoivent une prime d'assurance-santé et qui autorisent la perception de frais de séjour à l'hôpital et permettent aux médecins de surfacturer leurs clients après avoir déjà perçu leurs honoraires du service d'as su- ce-santé. Pour le moment, toutes les provinces, sauf le Québec et le Manitoba autorisent la surfacturation des médecins et seul le Québec ne perçoit aucune prime d'assurance-santé. On s'attend à une violente opposition des autres provinces à cette loi, particulièrement de l'Alberta, où la majorité des médecins surfacturent leurs clients et le ministère de la Santé, en plus de percevoir une prime d'assurance-santé, prévoit une facturation de $20 par jour aux hospitalisés. Mondanités Sa barbe est vraie Suite de la page 1 loin, jouons cartes sur table: Baldwyn Baldwyn n'est pas le Père Noël de la nuit du 24 décembre. D'ailleurs cette nuit-là il mettra ses souliers ou ses bas devant l'arbre de Noël. Car lui aussi espère ne pas être oublié. "J'ai hâte d'avoir la barbe et les cheveux blancs naturellement". Il est obligé actuellement de vaporiser de la poussière blanche. Comme d'ailleurs il doit se ficeler un oreiller autour de la ceinture. Parce que Baldwyn Baldwyn n'a pas l'âge et la corpulence du vrai personnage. "Je suis né au carré — mettez 4 au carré, 3 au carré et 7 au carré, vous aurez ma date de naissance" dit-il en rigolant. Notre Père Noël bilingue n'aime pas du tout le "clic-clac, merci Kodak", c'est pourquoi vous ne le verrez jamais, un enfant sur les genoux, dans ces centres commerciaux ou ces grandes surfaces. "J'ai souvent assisté à des scènes dramatiques, l'enfant est intimidé par l'oeil de l'appareil photo. En France, j'ai vu des parents donner des claques à leurs petits, ceux-ci pleuraient et ne voulaient pas poser pour la photo" de raconter Baldwyn Baldwyn. Pour revenir à la France, il en a fait le tour plusieurs fois. En Père Noël bien sûr; mais comme ce personnage ne se joue que pendant vingt jours, Baldwyn Baldwyn exerce un autre métier, et un métier très spécial, celui de directeur des affaires inutiles. "En France, cet emploi s'appelle tout simplement forain. Là-bas j'avais mon stand sur les places publiques et les marchés. Je n'avais du reste aucun problème avec la barbe et les cheveux longs. Je ne dirai pas cela de la Colombie britanni- que". Il est directeur des affaires inutiles au Playland et a trente-cinq personnes sous ses ordres dont plusieurs francophones. Revenons au Père Noël : "En France, en Bretagne particulièrement, les petits Français avaient écrit leur lettre pour le Papa Noël". Pour eux, ce dernier vit dans le ciel; les petits Canadiens sont persuadés qu'il habite le Pôle Nord. "Mon habit en France était un petit peu différent de celui du Canada. J'avais un grand manteau et une hotte dans le dos; ici, j'ai des pantalons et un grand sac. Là-bas, on m'appelait le Père Noël américain!" se rappelle en souriant notre "portrait" dans son superbe habit rouge, fait au Québec dans l'usine de sa famille. Mais que ce soit ici ou de l'autre côté de l'Atlantique, les enfants demandent à peu près les mêmes cadeaux : les petits garçons, des fusils et des épées, les petites filles des poupées. Avec une petite différence quand même, au Canada les enfants sont influencés par ce qu'ils voient à la télévision". Comme ce petit garçon de trois ans, Tom, du quartier de False Creek à Vancouver qui, en regardant avec émerveillement le Père Noël lui a demandé de mettre sous son arbre une télé commande pour son téléviseur! Après Noël, Baldwyn Baldwyn retournera pour quelques semaines au Québec voir ses amis, comme le chansonnier Jim Corcoran. "Je voudrais retourner en Amérique latine, descendre vers le Pérou, acheter un âne et vivre chez les Indiens des Andes". Pour l'instant, le Père Noël bilingue peut venir égayer vos soirées ou vos après-midi. Téléphonez-lui au 299-4509. | Manitoba Peut-être que la vérité est libératrice, mais elle commence généralement par être désastreuse. Cela prend moins de temps de faire une chose bien que d'expliquer pourquoi on l'a mal faite. Un nouveau chef conservateur ouvert aux Francophones ? Par J2F Sterling Lyon, ancien Premier ministre du Manitoba, a été remplacé le 10 décembre à la tête du Parti conservateur par M. Gary Filmon, 41 ans. Opposé pour l'investiture à MM. Brian Ransom et Clayton Manness, deux candidats proches de la ligne traditionnelle du parti, M. Gary Filmon a gagné grâce à une image d'homme jeune, dynamique et ouvert. Aux problèmes des groupes ethniques en général et aux préoccupations des francophones. Ainsi, une douzaine de représentants de la Société Franco-Manitobaine étaient présents au congrès du parti conservateur le week-end dernier. La plupart pour soutenir la candidature de M. Filmon. "C'est le seul candidat qui a pris le temps de discuter avec nous", a indiqué M. Réal Sabourin, un officiel de la Société Franco-Manitobaine. Lors du plébiscite d'octobre dernier sur les droits de la langue française au Manitoba, l'ancien chef du parti, Sterling Lyon, s'était déclaré "opposé à toute introduction de droits linguistiques dans la constitution, qu'il s'agisse du français ou d'une autre langue". Par contre, M. Gary Filmon a précisé pendant sa campagne électorale "qu'il était prêt à examiner toute nouvelle proposition du gouvernement NPD de M. Howard Pawley à l'égard du français". Gary Filmon aura très vite l'occasion de faire ses preuves. En effet, à la suite des résultats du plébiscite d'octobre (25% pour le français langue officielle et 75% contre), le premier ministre Pawley a préparé un nouveau projet sur les droits de la langue française au Manitoba. Avant de rendre publique cette série de propositions, M. Pawley entend d'abord en discuter avec le nouveau chef du parti conservateur. "Afin de tenter d'obtenir une trêve dans la bataille qui dure depuis huit mois au Manitoba", a précisé M. Pawley. A l'occasion de ces pourparlers, on saura si M. Gary Filmon entend ou non tenir ses promesses électorales.