Le Bulletin du Centre de la Culture fran�aise de Sudbury
"Je crains Dieu, cher �bner et n'ai point d'autre crainte" - Racine
VOL. I � No. ^ /�f
Sudbury, Ontario, le 11 juillet, 1968
le num�ro: 10 cents
Un journal culturel
Depuis que le Centre des Jeunes -, s'est acquis les droits du journal l'Ami du Peuple, la publication mensuelle de celui-ci rel�ve du P�re A. Regimbai, s.j. En raison des nombreuses obligations que n�cessite ce travail, la direction de l'Ami du Peuple s'est constitu�e le 30 septembre dernier un comit� de r�daction. Nous sommes heureux de vous en pr�ciser les noms: d'abord du d�partement de fran�ais de l'Universit� Laurentienne, les professeurs Bideaux, Lefier, detFinney; du d�partement d'histoire, M. Martin et M\ Gu�-nette et finalement du d�partement d?�cono-mie, M. Perreault. En plus, nous retrouvons comme membres de ce comit�, deux professeurs de l'�cole secondaire de Sudbury, M. Tessier et M. Tellier.
La nouvelle �quipe discuta lors de cette premi�re r�union, du caract�re de son journal, Il est d�cid�, que l'Ami, du .Peuple serait un journal � caract�re essentiellement' culturel et qui �videmment s'adresse � la population de Sudbury et des environs ainsi qu'aux minorit�s francophones des autres provinces.
. Si nous optons pour le th�me culture, c'est que devant cette cit� nouvelle vers laquelle nous nous .dirigeons, nous croyons urgent d'inviter la population francophone � s'int�resser aux diff�rentes activit�s culturel-
les dans leur ensemble: sportives, artistiques, intellectuelle ou sociales. Les heures de loisir augmentent et il est important de s'�duquer afin d'employer ce temps libre � des fins avantageuses. Nous croyons sinc�rement que cela pourrait contribuera nous affirmer comme groupe fran�ais en tant que tel et � mieux comprendre et coop�rer avec les autres groupes ethniques. Peut-�tre aussi que cela permettrait un meilleur dialogue entre la jeune et active g�n�ration et cette g�n�ration en place et quelques fois lourde � bouger.
Ce journal veut donc �tre consid�r� comme un des moyens de d�veloppement de la culture fran�aise, un moyen qui renseignera les Canadiens d'expression fran�aise de Sudbury et qui fera dispara�tre cette stupeur que' les francophones �prouvent devant le mot culture. La, culture fran�aise doit non seulement se maintenir mais aussi -se d�velopper.
Afin de diffuser � nos lecteurs,, le plus de renseignement possibles sur les activit�s culturelles, 'la Direction esp�re �ventuellement convertir ce journal mensuel en un hebdomadaire. C'est ainsi que nous sollicitons l'aide de tous ceux qui d�sirent .collaborer � la publication d'articles.
Ren� E. GUENETTE
La question du fran�ais en Ontario:
LES JEUX SONT-ILS FAITS?
Voil� la question, chers amis !
Dans une forte int�ressante causerie pr�sent�e � la Soci�t� Historique du Nouvel-Ontario, M. Herv� Cyr, surintendant taxi-joint au Minist�re de l'Education, .a r�pondu affirmativement. En somme, le fran�ais s'est acquis un droit de cit�, gr�ce au d�vouement et � la r�sistance opini�tre des Canadiens fran�ais, gr�ce au courage de leurs chefs de file depuis plus de 50 ans, depuis ce fameux R�glement 17, de triste m�moire..
D�termination et d�sir de te survivance ont forc� chacun � faire le jeu du pays. La com-i mission Laurendeau - Dunton sur le bilinguisme et ^le biicul-turalisme a concr�tis� le probl�me: que les Canadiens de langue fran�aise ou anglaise se sentent pr�sents^artout, que le fran�ais soit" une langue du travail dans la fonction publique, qu'une politique linguistique �clair�e soft' adopt�e dans le pays;
Politique linguistique e n trois points:fa).l�gislation appuy�e sur le concept de deux communaut�s linguistiques officielles, communaut� de langue anglaise et communaut� de langue fran�aise ; b) reconnaissance ; des deux langues officielles du pays, partout o� elles sont viables, i.e. o� 10% de la population parle l'une de ces deux langues ; c) accorder � chaque citoyen le droit d'appartenir � l'une ou l'autre des
deux communaut�s linguistiques. -
Face � ce probl�me, les Canadiens fran�ais se- sont rang�s en deux groupes: d'une part les partisans du f�d�ralisme- du principe de la participation ; d'autre part, les partisans du principe de l'autonomie, dont la forme extr�miste est le s�paratisme. Certains facteurs ont jou� dans un -sens ou dans l'autre : : les techniques de diifusion> radio et t�l�vision <Radio-Canada en particulier), les personnes elle-m�mes, qu'il �sagisse de Pierre-Elliott Trudeau ou du pr�sident Charles de Gaulle, ont fait prendre au monde une conscience nouvelle de la r�alit� fran�aise. L'opinion a �t� alert�e: �ne entit� fran�aise existe ici !
En Ontario, le fait s'impose, et le gouvernement de M. John Robarts eu tient compte : il donne aux deux communaut�s linguistiques les moyens de communiquer avec le gouver-merat et avec ses services. Une r�solution du parlement de l'Onitlario autorise ses membres � parler en fran�ais, L'ensei-gnement fran�ais sera �tendu aux r�gions o� le nombre d'�l�ves justifie r�tablissement de classes et d'�coles fran�aises.
Quel sera notre jeu?
Deux mots le r�sument: qualit� et excellence.
M. Herv� Cyr a sugg�r� trois priorit�s: a) celle de nous d�-
finir, de vouloir rayonner dans le pays, par une pr�sence qui �veille tous les n�tres aux probl�mes pos�s; Nous d�finir, c'est prendre conscience de ce que nous sommes, s'unir dans une m�me cord�e en visant le sommet; b) que les �coles soient notre affaire et c) que nous puissions nous d�finir dans notre culte de la langue fran�aise.
Remarquez, chers amis, le sens et l'ordre de ces priorit�s !
Se d�finir, Vouloir rayonner, prendre conscience, s'unir, diriger nos �coles et, enfin, se d�finir dans le culte de la langue fran�aise.
Le sens me para�t juste, clair ! l'ordre doit �tre invers�!
Pour se d�finir, rayonner, prendre conscience, diriger, il faut un instrument ad�quat : i.e. une personne qui poss�de sa propre identit� culturelle, au sens o� elle peut l'exprimer nettement et cela suppose quoi: la ma�trise de sa propre langue.
Je dis donc ; prenez d'abord en main l'outil, l'instrument de votre culture fran�aise, la langue, une langue claire, concise, �l�gante � langue qui do'it �tre � l'origine d'un style >� et, ensuite, vous aurez de quoi d�finir, rayonner, prendre conscience, diriger.
Robert TOUPIN, S J.
Professeur d'histoire Universit� Laurentienne
RADIOS
' Jpuand la soci�t� d'Etat elle-m�me d�doubl� son r�seau �.Radio-Canada pour le publie francophone, C.B.C. pour les anglophones, il est assez naturel que les radios priv�es en fassent autant : ce n'est pas l� affaire_de_bilinguisme, mais d'efficacit� au niveau de la production. Amst' s'explique la s�paration intervenue en 1957 entre C.H.N.O., devenu exclusivement anglais, et C.F.B.R., ce dernier se consacrant au public d'expression fran�aise.
Depuis, les deux postes s'appliqu�rent, chacun de leur c�t�, � exclure de leurs ondes tous les disques enregistr�s dans la langue "�trang�re", jusqu'� ce que, en janvier 1968,-C.F.B.R. modifie slas politique, proposant de temps � autre � ses auditeurs des chansons anglaises et am�ricaines.
Or voici que s'�l�vent encore, c� et l�; des voix pour protester contre ce qu'elles consid�rent comme une trahison et un abandon d�lib�r� de la langue fran�aise. Les postes anglais, nous dit-on, se gardent bien de faire de telles concessions, si les auditeurs de CF.B.R. veulent entendre des chansons am�ridalines, ils leur est facile d'�couter les autres cha�nes, enfin, si "la voix fran�aise du Nord - Ontario" se met elle auss'i� parler anglais, elle perd sa raison d'�tre.
Les choses ne sont pas si simples
D'abord il semble difficile d'accuser C.F.B.R. de'���faillir � sa mission quand il diffuse quelques disques eim langue �trang�re: il suffit que llai/pro-pontkm se maintienne dans des
limites acceptables (25% P&i" exemple). Et surtout on ne peut nier que l'industrie angfto-am�ricaine du disque fournit une part appr�ciable des "succ�s" mondiaux. Cela ne tient pas seulement � la puissance de cette industrie, de ses r�seaux de distribution et de publicit�, mais aussi � la qualit� intrins�que de certaines de ces nouveaut�s et de leurs interpr�tes : leur inspiration, leurs rythmes, leurs th�mes sont bien accueillis du public, c'est un fait.
D�s lors, pourquoi priver celui-ci du plaisir d'�couter "ses" vedettes pr�f�r�es? Doit-il renoncer � entendre . des chanteurs ou des groupes dont la-valeur est bien connue � il serait facile de citer des noms pour subir de fades adaptations, sans couleur et sans nerf, dont le seul m�rite serait
d'�tre compos�es en fran�ais? N'y a-t-il pas lieu de craindre artors que les auditeurs, pour �couter les disques de 1 eu r dhoix, se mettent sur la longueur d'onde des postes anglais, et qu'ils y restent?
Nous souhaitons que la chanson fran�aise et~eanadienne.r.-fran�aise soit le plus largement repr�sent�e sur les ondes d� C.F.B.R. et qu'� l'occasion, nous puissions aussi entendre des "nouveaut�s" �am-glo-am�ricaines, si elles sont choisies par les animateurs du
ftoste en fonction de leur qua-it�, et si elles sont appr�ci�es des auditeurs.
Il n'est pas sans int�r�t de noter que cette �volution du poste CF.B.R. a co�ncid� avec une nette augmentation de la cote d'�coute (affectant m�me des auditeurs anglophones) et avec une a/m�lioration sensible du niveau g�n�ral des �mis-sions.et que la cha�ne /C.K.S.O. FM ne croit pas se d�shonorer dn. proposant � ses fid�les, de temps � autres, des oeuvres musicales fran�aises, chant�es en fran�ais. Si C.K.S.O.-AM a cru devoir en rester � ses �missions 100% anglaises, cela ne nous oblige en rien. D'ailleurs, il suffit d'�couter* et de.. juger. Mais nous saurons attendre.
C'est pourquoi nous approuvons pleinement la d�cision prise par C.F.B.R. de faire une place sur ses ondes � de bonnes nouveaut�s am�ricaines. Nous ne nous en sentirons que plus libres, le moment �venu, pour critiquer certaines de ses �missions . . .
En fait, c'est toute une conception de la culture qui s'exprime par ce choix.
Parler fran�ais, vivre en fran�ais, d�fendre avec passion sa culture nationtafle, c'est chercher � s'assimiler, � prot�ger, � d�velopper, � diffuser ce qu'elle a de meilleur. C'est aussi aller chercher dans les autres cultures nationales les id�es, les oeuvres, les purs divertissements m�me, qui peuvent contribuer � notre enrichissement et � notre plaisir personnels: culture n'est pas cl�ture et chasse gard�e, mais ouverture d'esprit.
Beaucoup de bruit pour rien, pour quelques, chansonnettes vite pass�es de mode. Mais si. demain, la troupe du Festival de. Stratford vient jouer � Sudbury, allons-nous exiger que Shakespeare soit, pr�alablement, traduit?
Michel BIDEAUX
Cin�-Club � l'Universit� Laurentienne
Repr�sentations : Mercredi 5 h. p.m. et 8h. p.m.
Auditorium Ecole Normale
Billet de saison: $5.00 adultes- � $3.00 �tudiants
16 octobre
Cl�o de cinq � sept Agn�s Varda
30 octobre
Un taxi pour Tobruk Deny de la Patelli�re
13 novembre
L'Aventura Michel Angelo Antonioni
4 d�cembre Jacques Feyder
La Kermesse h�orique
15 janvier Pierre Patry
Trouble f�te
12 f�vrier
Le trou Jacques Becker
26 f�vrier
Le chat dams le sac Gilles Grbulx
26 mars
Le 400 coups Fran�ois Truffaud
En plus�deux films canadiens�titres et dates � pr�ciser.
s'adresser �: /
Jean Bernard Lafontaine
responsable du Cin�-Club Comit� Culturel de L'A.G.E.
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