JEUDI, 27 MAI 1943
L'AMI DU PEUPLE
PAGE CINQ
LA VIE IDE L9ESP�IT:
FRONTENAC
Sachant bien que les Iroquois n'avaient fait qu'ob�ir, jusque-l�, aux mots d'ordre partis de la Nouvelle-Angleterre, il d�cida d'attaquer le mal dans sa racine, et d�s l'hiver de 1690, trois exp�ditions diff�rentes, compos�es de fran�ais, de canadiens et de sauvages � furent lanc�es contre les �tablissements de la Nouvelle-Angleterre.
Le premier de ces partis fut organis� � Montr�al, le deuxi�me aux Trois-Rivi�res, et le troisi�me � Qu�bec. Tous trois se mirent en marche dans le cours de l'hiver.
Le parti organis� � Montr�al comptait dans ses rangs quatre-vingt-seize sauvages, et cent quatorze fran�ais. Il avait pour commandants Sainte-H�l�ne et d'Ail-leboust de Mantet; d'Iberville �tait un des sous-chefs. Ils all�rent attaquer un village du nom de Corlar, dans l'�tat de New York, � six lieues d'Albany; ce village porte aujourd'hun le nom de Shenectady.
"Ces braves, dit Ferland. se mirent en marche dans les premiers jours du mois de f�vrier, saison la plus froide de l'ann�e. Le fusil en bandouli�re, le paquet de provisions sur l'�paule, les raquettes au pieds, la gaiet� et l'esp�rance au coeur, les compagnons de Sainte-H�l�ne et d'Iberville poursuivaient gaiement leur p�nible voyage. Ils couchaient sur la
neige, sans abri, sous un ciel pur et brilliant comme le ciel de Na-ples, mais glac� comme celui de Sib�rie. Ils brisaient leur pain avec la hache, et l'arrosaient d'une eau qu'ils obtenaient sous une couche de g,lace �paisse de plus d'un pied."
Ils firent ainsi une centaine de lieues, oblig�s, bien souvent, de marcher jusqu'aux genoux dans une eau glaciale. Enfin, un jour, sur les quatre heures de l'apr�s-midi, ils s'arr�t�rent � deux lieues de Corlar.
Les habitants de Corlar �taient plong�s dans le plus profond sommeil. Ils se doutaient si peu du danger qui les mena�aient, qu'ils n'avaient pas m�me eu la pr�caution de placer des sentinelles aux portes de leur ville. Ils avaient bien entendu dire qu'un danger planait sur leur t�te, mais ils ne pouvaient croire que, par une saison pareille, des hommes pussent se hazarder � entreprendre une semblabe excursion. Et de fait, dit un �crivain anglais, "d�s europ�ens ne croiraient pas qu'il f�t possible � des hommes de faire une telle marche, au milieu de la for�t, dans les temps les plus froids, sans autre abi qrue le ciel, saus autres provisions que celles qu'ils portaient avec eux."
"Gardant le silence, dit Ferland, les Fran�ais s'empar�rent d'une des portes, et parcoururent le bourg dans toute sa longueur. Le
RIMETTES
On aura beau montrer par de savants calculs Qu'on a enregistr� de multiples reculs; On pourra discourir de la chose publique Et donner des conseils quasi-astronomiques ; On aura beau tenter bien des exp�riences Pour d�chirer la nuit masquant notre ignorance; On pourra essayer beaucoup d'autres combines Pour instruire le peuple ayant soif de doctrines; Jamais un franc succ�s couronnera le tout, Parce que l'on commence avec le' mauvais bout Avant de rechercher; � nos maux, un rem�de, Il nous faut obtenir que Dieu nous vienne en aide. Un moyen s'offre � nous, infaillible, certain; Et c'est notre Sauveur qui l'a mis en nos mains La pri�re, en un mot, que tant de gens d�laissent Parce qu'ils se croient forts parmi tant de faiblesses. Il faut prier d'abord, et se mettre � genoux, Implorer l'Homme-Dieu qui s'immola pour nous; Il faut bien appliquer ce merveilleux dictame Qui seul peut ramener la vraie paix de notre �me; Il nous faut expier les p�ch�s collectif s Que nous commettons tous,nous, ces �tres ch�tifs! Il faut que la poussi�re humect�e de nos larmes Attendrisse le Ciel et calme nos alarmes; Et quand nous serons forts de vie surnaturelle, Nous pourrons nous pencher sur les choses mortelles; Notre esprit �clair� sera mieux dispos� A suivre le chemin qui nous est impos�; * Les devoirs de chacun para�tront clairs et beaux Parce que nous aurons les lumi�res d'En-Haut. Nous pourrons donc nourrir les cervelles avides. Leur montrer qu'il est temps de combler ce grand vide Caus� depuis toujours par notre indiff�rence, Notre laisser-aller et notre insouciance; Car, si depuis longtemps nous pataugeons en groupe, Si nous avons manqu� de r�els chefs de troupe, C'est que ce grand honneur n'�tait point m�rit�. Et Dieu nous punissait pour nos iniquit�s. Mais la pri�re ardente est une arme infaillible Repoussant la sanction dont nous sommes passibles. Nos sinc�res accents s3�lan�ant vers le Ciel Ram�neront au point le monde artificiel; Nous pourrons implanter chez nous de vraies doctrines Qui germeront bient�t � la faveur divine; Les mots PATRIE, DEVOIR auront un sens s�v�re Et ne s'�tendront pas jusques en Angleterre: Nous comprendrons alors le salut dans la terre Qui ne trahit personne et n'est point rancuni�re �La terre des a�eux, notre meilleure amie, Celle qui nous sauva d?une race ennemie, Se donne tout enti�re, avec joie, sans retour, Et n'exige pour lot qu'un petit peu d'amour, Elle a tant de bont�s pour ceux qui s'en occupent Qu'avec elle ils ne font jamais march� de dupes'. Aussi est-ce p�ch� que-la vouloir quitter Pour vivre dans la ville, ou plut�t, vivoter, Respirer l'air impur,, habiter des prisons, Quand on est habitu� aux plus beaux horizons!�
Conclusion pratique et d'ordre tr�s pressant Pour sauver la nation qui sans cesse descend: Ab�mons-nous bien vite en d'ardentes pri�res; Expions humblement le front dans la poussi�re; Cramponnons-nous au sol, c'est l� notre salut, Soyons'des CANAYENS, le reste est superflu. .
Andr� PERRIX
signal de l'attaque fut donn� par le cri de guerre; les maisons furent assaillies les unes apr�s les autre. Dans quelques-unes l'on se d�fendit, mais la r�sistance fut bient�t �cras�e."
Des 120 personnes qui habitaient le village, soixante furent impitoyablement massacr�es, hommes, femmes et enfants: le combat ne dura que deux heures. Toutes les maisons ' furent br�l�es, � l'exception de deux.
"Cette exp�dition, ajoute Ferland, avait aussi bien r�ussi qu'on pouvait s'y attendre. Les Fran�ais s'�taient avanc�s aux portes de la capitale de la Nouvelle-Angleterre, et ils avaient fait comprendre aux habitants d'Alba-ne que s'ils continuaient � pousser les Iroquois � ravager la colonie fran�aise, on saurait rendre la pareille aux colonies de l'Angleterre."
Le parti form� aux Trois-Rivi�res �tait sous le commandement de Fran�ois Hertel. Trois de ses fils l'accompagnaient, et l'exp�dition �tait compos�e de 27 frana�is et de 25 sauvages; en tout 52.
Ces cinquante-deux braves a-vaient � faire un voyage de plus de cent lieues, Ils se mirent en marche le 22 janvier. Deux mois apr�s ils arrivaient � un village anglais nomm� Salmon-Falls (aujourd'hui Portsmouth, New Hamp-shire).
Salmon-Falls �tait fortifi�. En quelques heures tout fut emport� d'assaut. Vingt-sept maisons fu-furent br�l�es, et deux milles pi�ces de b�tail p�rirent dans le^ �tables; les fran�ais ne perdirent qu'un seul homme.
Portneuf �tait le commandant du parti organis� de Qu�bec. Ce parti comptait cinquante fran�ais et une soixantaine de sauvages. Les provisions �taient rares dans le pays, les cent dix guerriers se mirent en campagne sans rien apporter avec eux. Ils chemin�rent ainsi, par le temps le plus rigoureux de l'hiver, durant l'espace de quatre mois, c'est-�-dire, depuis jajnvier � mai, ne vivant que du produit de leur chasse. Enfin, ils arriv�rent � un poste de la Nouvelle-Angleterre appel� Casco, sur le bord d� la mer, (aujourd'hui Portland).
SALUT AU PRINTEMPS!
Salut! printemps f�cond. Tu souris � la terre;
Tu rends au pr� ses fleurs, au bois son vert manteau;
L'hiver qui recouvrait de son voile de glace
Nos coteaux, nos vallons, Au soleil s'est fondu comme une molle cire.
Sur l'aride for�t L'on ne voit plus au loin le blanc frimas reluire
Comme un l�ger duvet. Les brouillards qui tra�naient leurs longues robes grises
Sur la cime des bois Au souffle parfum� de matinales brises
S'envolent � la fois; Et les �chos joyeux de leurs grottes profondes
Sortent tout triomphants, Et l'on entend papout le murmure des ondes
Et les cris des enfants.
P�ril des Lafins
Cette guerre qui traverse sinis trement nos jeunes destin�es ne se compare plus aux conflits habitu els de l'histoire.
D'apr�s les fins que poursuit l'homme dans l'usag� de plus p�-remptoire, le plus complet et le plus p�rileux de ses ressources, il trahit l'�volution de ses app�tits et, par leur pr�dominance particuli�re, la souveraine pr�occupation de son esprit.
Aux si�cles de foi intense, ne m�ritait le t�moignage sanglant d'un chr�tien que Celui qui l'avait rachet� par la croix et c'est afin de d�livrer les lieux profan�s de son sacrifice que s'assomplit la merveilleuse �pop�e des sroisades. L'�quilibre politique du concert europ�en est bient�t rompu par des coalitions mercantiles et � Waterloo triomphent non plus une religion, non plus une dynastie ou un peuple, mais les marchands de Londres, guid�s par leurs politiciens sup�rieurs.
Chaque nouvelle r�volution devient pour les auteurs qu'elle a �tablis au pouvoir, la derni�re, mais sa nature exige qu'elle se d�passe, et par son principe m�me. Ainsi le bouleversement originel une inflexible d�gradation morale d� l'humanit�, � la lutte instinctive des races.
. Quatre monde tumultueux s'�branlent aujourd'hui et l'univers entier hurle et flamboy� comme une jungle d�chir�e des plus impitoyables fureurs. Cette guerre n'en est pas une de l'esprit; c'est la guerre du sang: c'est au nom d� sang que Hitler proclame le dogme aryen et c'est par le sang que se sont ralli�s � la m�re-pa trie les fils dispers�s d'Albion.
Malheur aux peuples-doux, a mants de justice et de soleil, artisans de civilisations et cr�ateurs de beaut�; car ils n'ont aucune pi ti� � attendre de peuples qu'une traditionnelle haine de Rome et de la papaut� r�unit contre tout ce qui est latin. Les l�gendes r�pandues par l� presse am�ricaine du "Gay Par�e," du "priest-rid-den Qu�bec" et du 'hot Latin stuff' reprennent les injurieuses pages de "Mein Kampf" sur la France n�grillonne. Des deux c�t�s de la: barricade, on se dispute
// est doux maintenant de reprendre les courses
Sur les coteaux lointains, De s'asseoir et prier au bord des fra�ches sources,
Sous le d�me des pins; Il est doux d'�couter les rossignols, les merles,
Et les grives dans le buisson Egrenant, tour � tour, comme un collier de perles,
Leur vibrante chanson. Le soleil qui descend derri�re les nuages
Jette un ruban de feu, Une aur�ole d'or au front des monts sauvages
Et du grand fleuve bleu; Ces gerbes de rayons, ces ardentes tra�n�es
Qui descendent des deux, Sont comme un souvenir de leurs jeunes ann�es
Pour ceux qui se font vieux.
Pamphile LEMAY
1? cadavre de Darlan et son h�ro�que m�moire. De son alli�e ou de son ennemie, l'on ne sait qui se pla�t davantage � humilier l'Italie.
Qu'elle que soit la paix, elle se fera sans nous et contre nouspcar il y a divisihon parmi les Latins. Fran�ais et Italiens s'entretuent, tandis que la p�ninsule ib�rique demeure neutre et que l'Am�rique du Sud est remorqu�e par les Etat-Unis. Certaines des id�ologies qui s'affrontent, dont quelques-unes condamn�es par la chaire de Rome, compromettent gravement l'�conomie latine de la personne humaine, de la famille, de l'ordre et de l'autorit�.
Quelle que soit l'issue de cette guerre, elle nous menace plus directement parce que nous n'y sommes pas pr�par�s. Issus de race diverses, assembl�s en des territoires que nous d�coupait la nature, m�ris par de longues et glorieuses histoires, nous avons produit des nations qui tour � tuor firent la loi au monde: nous ne formons point de race, et c'est sur les champs de bataille que nous nous sommes connus et combattus; nous n'avons d'autre lien que la communaut� de notre h�ritage moral et des devoirs qu'il nous impose.
La d�faite a sauv� la France du suicide, et le p�ril de notre civilisation nous doit �tre le solennel avertissement de la t�che qu'il lui reste � remplir. Le doigt de Dieu nous d�signera-t-il pour a/battre les Go-liaths modernes...?
L'�me latine rena�t. Inspiratrice des r�volutions nationales, italienne, portugaise, espagnole et fran�aise, cette �me nouvelle est pr�voyante et laborieuse, elle se nourrit de la vie m�me et de ses sublimes r�alit�s. Cette �me est celle de nos an e�tres fran�ais qui nous ont trans mis avec leur sang l'honneur de leur race � penp�tuer en terre am�ricaine,
Et c'est parce que cette �me est immortelle que nous avons foi en notre TRAVAIL, que nous avons b�ti nos vies autour de la FAlMILLE,
tienne de la soci�t�.
Pour les inscriptions et tout renseignement, on est pri� de s'adresser au secr�tariat de l'E.S.P., 1961, rue Rachel est, Montr�al. Un feuillet explicatif est envoy� sur demande.
CHOPIN
source de l'esp�rance charnelle, ber ceau et justification de la PATRIE qui embrase notre humaine charit�; et que nous attendons la r�surrection de notre peuple dans la Paix romaine de l'Eglise universelle.
Ecole de formation sociale
� C'est du 23 au-29 juillet que l'Ecole Sociale Populaire tiendra, cette ann�e, son �cole de formation sociale � Boucherville. Pr�tres et la�cs y sont invit�s. Des hom mes de toutes ,les professions s'y rencontrent. L'enseignement donn� est � la fois doctrinal et pratique. On y apprend la doctrine de l'Eglise sur les probl�mes sociaux du jour, et, on s'exerce � la diffuser et � l'appliquer dans son milieu. C'est r�pondre � la demande expresse des Souverains Pontifes et contribuer � la Testauration chr�-
Guy de Pourtal�s Un volume de 260 pages, $1.25. Chopin: un artiste. L'un ses masque et � gloire et passion; l'autre, douleur et solitude. Chopin: une musique dont nous connaissons' bien les enivrantes et inoubliables m�lodies.
Mais que savons-nous de l'homme?
Presque rien ne subsiste de lui. "Sa nature le pr�servait des vaines exp�riences et le destin a voulu en outre qu'un grand nombre de ses lettres et de ses reliques fussent br�l�es dans une maison varso-vienne. Nous n'avons donc o� le trouver que sa musique, quelques vestiges de correspondance et les souvenirs de ses amis. Au demeurant, sa vie fut toujours si simple et si logique, que peu de commentaires est n�cessaire pour l'entendre. Deux ou trois voyages except�s, le monde ext�rieur a fort peu p�n�tr� cette imagination tourn�e toute vers le dedans.
"Assez mal servi en amour, en amiti�, en tout ce qui exige de l'aveuglement ou un exc�s de p�dale, ce souffreteux lucide ne# s'est regard� que dans un seul miroir: l'�b�ne de son piano.
"Piano, instrument merveilleux," dit-il. Bien entendu, puisque le piano est un orchestre. Mais il y a davantage: il est un instrument. Donc une �me. C'est la seule que Chopin ait connue, aussi a-t-il fait du piano son l�gataire universel.
"Si Liszt vous a rendu de l'audace pour saisir les joies du moment et un peu de confiance en vous-m�me, Chopin vous peut devenir un compagnon non moins fraternel. Sa vie est celle de votre ombre anxieuse. Sa musique n'est peut-�tre pas autre cbose que l� chant mont� de votre d�sert intime.
"Tout "art est riche surtout dans la mesure o� vous-m�me savez lui pr�ter. Toute �me vous poss�de dans la mesure o� vous faites effort pour la recevoir. Accueillez celle-ci comme une�expression, plus pure que ne la peuvent fournir les mots, de ce qu'il y a dans l'amour d'� jamais inexprimable."
Le livre de Guy de Pourtal�s est la plus passionnante histoire du Chopin que vous aimez. En vente � la Librairie Loisirs.
Quelque m�rite qu'il puisse y avoir � n�gliger les grandes places, il y en a peut-*�tre encore plus � les bien remplir.�Vauvenargues.
L'ennui est entr� dans le monde par la paresse.�La Bruy�re.