',� :;l
�11
PAGE HUIT
l/Mil BU PEUPLE
JEUDI, 5 AVRIL 1945
Poison lent nais s�r
Ayant d�velopp� son syst�me de d�fense contre les microbes qui l'environnent, l'organisme d'un �tre a-dulte est moins sujet � la contagion. S'il en est ainsi pour le conps, nous n'en pouvons pas dire autant des ' acuit�s intellectuelles qui, elles, su-ibissent, depuis la naissance jusqu'� .a mort, les influences du dehors. il est, en effet, des aliments de l'es-iprit qui nuisent aux grandes personnes � l'�gal des poisons les plus dangereux. On e ntrouve qui, non �content de d�truire en nous la facult� de penser, favorisent le laisser-aller des moeurs et travaillent sournoisement � tuer notre �me �ran�aise.
Si les ravages accomplis dans l'�me et le coeur des enfants s'av�rent alarmantes, quelles sont donc ies ruines possibles dans un esprit �plus d�velopp�, plus � m�me de �comprendre et de rfaire sien ce qui ip�n�tre dans ses facult�s. C'est pourquoi nous disons que l'illustr� et le cin�ma ne sont pas moins nocifs aux grands qu'aux petits. En effet, si l'image est un v�hicule primitif, celui-ci poss�de cependant,, pour qui conna�t le monde d'aujourd'hui, l'immense avantage d'ap-�porter du nouveau � l'intelligence sans lui imposer des raisonnements fatiguants. De l� i� sacrifier les joies aust�res de l'esprit aux jouissances �plus faciles des yeux, il n'y a qu'un 'pas. L'avons-no-us franchi?
L'illustr� nous procure un choix �aussi vari� que perfide. Ce sont des �collections de "toeauties" en tenue l�g�re, des concours de beaut� o� i'on �value le genre humain comme on le ferait d'un b�tail de prix dans ^es expositions r�gionales, sans tenir compte, va sans dire, du facteur intellectuel. Ajoutons � cela les *'pin-up pictures", d�coration de la plupart des "gar�onni�res" et qui r�sument les connaissances et les � jo�ts artistiques de ces messieurs.. Si vous incluez dans l'�num�ration la s�rie tr�s courue des "sex films' (genre "Kismet"), la m�nagerie esl au complet. Qui veut �tre sinc�re avec soi-m�me avouera sans controverse le caract�re troublant de toutes ces choses et leur action n�faste sur l'�me (humaine.
Tout cela est de nature � faire de nous des "robots" sans intelligence; ce n'est cependant que la moiti� du tableau. Les directeurs .de revues, �orts de l'appui d'une client�le �fran�aise bienveillante, lui servirontf de temps � autres, des reportages susceptibles de l'int�resser. Viendront alors des �tudes plus ou moins ridicules,�quand elles ne sont pas ou-irageantes,�sur les moeurs familiales et politiques du ''Vieux Qu�bec".
Ces gens, qui ont fait du probd�m� sacr� de la famille une question de logement, parleront avec commis�ration du pr�tendu non-sens de nos
tistes et, en temps de guerre, chez les- "isolationistes"...; on nous racontera ensuite l'histoire de la "priest-ridden province"; on montera en �pingle le "chauvinisme" de certains coins de la 'Vieille province", et pour appuyer l'opinion en cours chez les �trangers, � savoir, que nous sommes des esprits born�s, des arri�r�s et, par cons�quent, ferm�s � tout compromis favorisant la ''bonne entente"...
R�alisons-nous jusqu'� quel point �cette propagande, si nous n'y prenons garde, peut affaiblir en nous l'amour de la patrie canadienne, la fiert� et la foi en nos origines fran-
J.-E. LACOURCIERE
AVOCAT 10 ELM, E. SUDBURV
TEL.: 8-8221
�Ce caract�re fantasque, ces tenues li'bres, qui diff�rencient si bien leur esprit du n�tre, heurtent-ils encore nos sentiments, ou bien s'ils nous amusent, nous distraient? Et s'il en
�aises? Se laisser ainsi fa�onner une !etait ainsi, ne serait-ce pas un signe
devenons peu � peu des
mentalit� hybride par un �l�men de la population, ignorant tout de notre pass� glorieux et de nos as pirations l�gitimes de chr�tien fran�ais serait aussi r�pr�hensiibl que d'abandonner � un turc le soin de raconter l'Histoire du Canada!
Nos voisins des Etats-Unis ou d'ailleurs, qu'ils repr�sentent le LJ FE, le WEEK
NEW WORflJD, le NEWS ou le TIMES, ne sont pa
(familles nombreuses. En -politique, ils nous classeront parmi les s�para-
O.-J. GODINB.A.
AVOCAT Edifice Frontenac 18 Durham nord -
en mesure de nous peindre sous le jour qui nous convient. Et cela, pour de multiples raisons, dont les pria cipales sont les suivantes: Ils son d'origine anglo-saxonne, donc d'es prit essentiellement pratique et mercantile..., et nous sommes des latin id�alistes et raisonneurs.
Ils sont protestants pour une part et ath�s pour une autre.
Les �v�nements historiques qui ont fa�onn� leur existence et model� leurs institutions sont forc�men diff�rents de ceux qui ont fait de nous des canadiens-fran�ais et des catholiques romains. Par exemple Les Am�ricains sont les vainqueurs de l'Ind�pendance; les Anglais nous ont conquis au XVllIe si�cle, e nous sommes, depuis, les sujets fran�ais d'une majest� britannique Voil� assez de raison pour nous pr�munir contre leur influence, que l'on peut qualifier d'�trang�re � plus d'un titre; voil� aussi pourquoi L faut tendre de plus en plus � chercher notre nourriture intellectuelle ailleurs que chez les Am�ricains ou chez leurs fr�res qui partagent avec nous les privil�ges du "Com-monwealth" britannique...
Vous me direz: Etes-vous bien s�r que nous de l'Ontario, nous ne prenions nos informations que dans des revues anglaises ou am�ricaines?
Faisons le compte des revues et journaux fran�ais susceptibles d'entrer chez-nous.. Plusieurs - familles re�oivent le DROIT; des unit�s, la PRESSE de Montr�al, et ce, n'est pas un> progr�s,..; quelques personnes sont abonn�es � la REVUE POPULAIRE, et... c'est tout. Combien des n�tres ne re�oivent que le journal local, lequel est toujours une feuille anglaise neutre, pour ne pas dire plus.
Mais quand il s'agit d'une revue pour occuper les loisirs, l'�talage du coin nous invite avec ses publications de couleur, ses titres sensationnels; qui prendrait la (peine d'�crire � Montr�al pour un abonne-
Sudbury T�l. 4-4091
ment fran�ais? Le temps est court et nous avons sous la main ce que d�j�, malheureusemeent, nous consid�rons comme le plus propre � nous distraire. Il y a bien cette librairie "LOISIRS", sur la rue Notre-Dame, o� nous en trouverions du fran�ais, mais elle est encore si menue, si peu tapageuse... et alors, nous optons, sans m�me y penser, pour la revue am�ricaine ou toron-toise, laquelle nous sert avec la lib�ralit� qu'on lui conna�t...
que nous leurs?
Faisons une exp�rience. Achetons une revue fran�aise et tentons-en la lecture. L'ennui nous igagne, nous la trouvons fade, terne... Essayons une s�ance de cin�ma fran�ais. Notre pr�f�rence va d'embl�e � la .pellicule am�ricaine; nous perdons les mots que (prononcent les acteurs; nous en accusons la technique fran�aise, sans penser que, pour une part, ce pourrait bien �tre que notre oreille n'entend plus avec son a-cuit� d'autrefois le langage de nos anc�tres... La gauloiserie que nous saisissons au passage nous choque et nous la qualifions d'immorale..., sans nous rappeler alors la magnifique exposition de chairs color�es de n<$tre dernier film 'am�ricain... La crudit� de l'expression fran�aise, pas plus que le r�alisme des tableaux am�ricains, ne s'excusent. Pourquoi alors de condamner l'un et..�gracier l'autre?
Ces coups de sonde d�c�lent, � n'en pas douter, une marche descendante de notre "temp�rature" fran�aise. A nous de voir o� nous en sommes, et, comme il est toujours temps pour bien faire, d'amplifier notre r�sistance, d'apposer des barrages � la mar�e montante du paganisme am�ricain ou anglais.
Sacrifions le plaisir b�at de regarder, � la joie plus humaine de comprendre avec notre intelligence; pour cela, lisons du solide, emmagasinons des connaissances, refaisons nos forces intellectuelles et morales, au lieu de fl�ner passivement devant les f�tiches de l'illustr� pa�'en ou du cin�ma am�ricain. Nous pourrons alors nous croire plus dignes du beau titre de chr�tien et moins expos�s � devenir de ces �tres hybrides qui n'ont de fran�ais que le nom!
acad�mie fran�aise
�Lundi le 26 (f�vrier, au coll�ge, 'Acad�mie fran�aise tenait enfin sa econde r�union attendue depuis ongtemps. La s�ance d�bute avec u-ie courte pri�re et la pr�sentation [es travaux ijtor le Pr�sident, Alcide
Buvez les liqueurs douces
SILVER FOAM
Qualit� sup�rieure
Sudbury Brewing and Mailing Co. Ltd. T�l. 7-7561 185, rue Lorne
Lib
L
raine Loisirs
82 rue Beech
T�l. 3-0700
Nous avons re�u des Dictionnaires "LAROUSSE COMPLET" pour les �coles � $1.25. Qu'on s'en procure pendant qu'il y en a. -
Si vous avez besoin de bons livres de lectures pour vous distraire, venez ou 't�l�phonez � la librairie Loisirs 3-0700.
LISEZ :-J
LISEZ:� En Guettant les Ours
LISEZ:� Un Homme et son P�ch�.
asaubon. Nous �tudions en cette s�-
nce l'oeuvre et la vie de deux �mi-nents contemporains, Ernest Fsicha-ri et Antoine de/Saint-Exup�ry.
J�r�me Gagnier, humaniste candidat pr�sente un .parall�le admirablement bien men� entre les deux �-crivains. *T>eux; taciturnes, ils cher-ichent dans les �tendus silencieuses du d�sert favorables � la m�ditation la r�ponse � ces questions; Que suis-je parmi les hommes? Que dois-je (faire sur cette terre? St-Exu/p�ry apprend l'amour et le-service des hommes, tandis: que Psichari parvient � la religion catholique et monte vers Dieu. Et St-Exup�ry semble vouloir pratiquer la morale chr�tienne, sans toutefois adh�rer au catholicisme. Psichari enfin est le plus 'grand parce qu'il est all� plus haut."
'Maurice Saulnier, rh�toricien candidat, refait la vie de Psichari et marque l'�volution de sa pens�e vers la croyance chr�tienne. "Nous rencontrons Psichari sur trois terrains: en France, dans la temp�te, au Sahara, dans ses recherches, et de nouveau en France, dans l'exaltation de son �me. Ernest Psichari naquit et grandit � Paris dans un milieu libre-ipenseur et de haute intellectualit�. Son origine grecque et bretonne marqu�rent fortement son. caract�re. H.' fit de brillantes �r tudes o� il adora les belles-lettres, IQS classiques grecs et les po�tes modernes. Apr�s une aventure, d'amour o� sa mie lui �chappa, il s'en-igou'ffra, d�go�t�, dans la d�bauche, jn. ne devait pourtant pas y mourir. Une id�e jaillit: l'arm�e! Et .ce- fut la premi�re victoire" sur son coeur. Ses deux exp�ditions au d�sert furent une-grande richesse pour son �ma Psichari lui-m�me a trac� dans ses ouvrages litt�raires, en particulier danstle Voyage du Centurion l'action merveilleuse de la gr�ce. Les grandes masses de silen-cece font vibrer son impression�foi-lit� d'artiste. La premi�re id�e qui s'emipare de lui, c'est l'id�e de la patrie. Cette pens�e le met sur la route de la V�rit�, qu'il trouve parmi les voix du d�sert. Revenu en IFrance eriv 1912. il se convertit et
voulut s'�lever jusqu'� la perfection chr�tienne. Il avait m�me d�cid� de se consacrer � Dieu dans le sacerdoce. Mais la guerre l'appela, n combattit comme un crois� et mourut comme un martyr son chapelet au bras. Parti du .nihilisme doctrinal, Psiehari s'�tait �lev� jusqu'� la Saintet�."
M. Roland Lauzon, rh�toricien, fait ressortir, dans l'oeuvre de St-Exup�ry son amour de l'humanit�. ''Toute la vie de St-Exup�ry s'est pass�e � �tudier l'homme dans ses rapports avec l'humonit�. L'esprit est oubli�e et la seule attention qui se manifeste se borne au corps. Aussi, les hommes s'ignorent et n�gligent leurs attaches � la terre. Le terrain qui les a fond�s, dont la "V�rit�" est de montrer aux humains ce qu'ils sont. Les �v�nements qui int�ressent le plus un homme, ce sont ceux de sa propre vie. Bien que la nature humaine soit toujours la m�me, elle est diff�rente qu^nt � ses ingr�dients: souffrances, joies, amiti�s, toutes ces choses qui font la "p�te humaine." Voil� ce que St-iExup�ry demande de respecter et � quoi il fait allusion lorsqu'il dit "Je n'aime-pas que l'on ab�me les hommes". Les hommes, s�par�s par leurs divers �tats et dissemblances, se r�uniront dans l'amour de la terre. St-tExup�ry, taciturne, penseur, aime mieux travailler � cette union par des actes que par des paroles. C'est l'homme de bonne volont�. Il vit la morale chr�tienne sans la foi. Le style de St-Exup�ry para�t n�glig�, c'est qu'il s'est surtout appliqu� � l'image, au contraste frappant, � l'originalit� de la pens�e. Il se fait comprendre, et son message se fixe dans la m�moire. St-Exup�ry a termin� ses oeuvres par un dernier appel � la bonne volont�, exigeant le respect de l'homme, possesseur de sa iplan�te, la Terre.
'Le Pr�sident remercie les conf�renciers et signale l'importance accord�e � la haute culture intellectuelle, non seulement au sein de l'Acad�mie, mais dans chaque classe, en particulier chez les Humanistes par la cr�ation d'un journal de classe et chez les Rh�tos dans leurs d�bats parlementaires.
Le R. P. Cadieux S.J., mod�rateur, rappelle que les trois �crivains d�j� �tudi�s, Claudel, Psichari et St-Exup�ry furent les fervents du silence o� ils trouv�rent la v�rit� et la paix. Puis il nous fait part du projet d'une s�ance publique et aussi de celui de la publication des quatre travaux d�j� pr�sent�s sur Claudel, lors de. notre premi�re assembl�e.
La s�ance se termine par une br�Ve allocution' du R. P. WMrid Nadeau ,s. j. (pr�sident d'honneur. Le R. P. Nadeau. insiste sur l'art important de faire valoir un travail par une bonne pr�sentation et une. diction soign�e. 'Vous devez, ajou-
une �l�vation, par le contact pr�sent d'auteurs tels que Psk�iari et St-Exup�ry". H nous rappelle enfin le travail incessant fourni par notre mod�rateur, le R. P. Lorenzo Cadieux, SJ., et nous invite � suivre son exemple, et l� continuer d'aimer la vraie culture chr�tienne. La r�union mensuelle des membres de l'Acad�mie fran�aise constitue sans contredit le fait marquant de la vie intellectuelle du Coll�ge. Les sept travaux d�ji� pr�sent�s ne sont que le d�but d'un vaste programme d'�tude des meilleurs auteurs de la litt�rature fran�aise et de la litt�rature canadienne. Nous esp�rons que bient�t la publication de ces travaux communiquera au grand public l'enthousiasme des A-
cad�miciens raire.
pour la culture litt�-
Raymond BELANGER, secr�taire.
Un rapport sur le capital humain
Amusons-nous un peu!
N.d.l.r. Un pince-sans-rire nous communique le "rapport confidentiel" suivant relativement au capital humain du Canada, rapport qu'aurait pr�par� l'ancien ministre de la D�fense nationale, le colonel Ralston. Croyez-le., .ou non! CAPITAL HUMAIN
Population du Canada 12,500,000 Gens au-dessus de 65 incapables de travailler 3,200,000
Restent pour faire le travail
9,300,000 Membres des forces ann�es
(Active) 600,000
te-t-il, assurer �
votre �
vie future
Restent pour faire le travail
8,700,000
Enfants au-dessous de 16 ans
4,100,000
Restent pour faire le travail
4.600,000
Employ�s au gouvernement f�d�ral 3,000,000
Restent pour faire le travail
1,600,000
Employ�s aux gouvernements provinciaux 1,520,000
Restent pour faire le travail "ZOMBIES" (Conscrits)
80,000 79,998
Restent pour faire le travail 2 Ces deux sont Mackenzie King
et moi.
RALSTON
Lamiti� est le ciment de la vie.
REGENT
Dimanche � minuit, lundi, mardi, mercredi
"THE SUSPECT" avec Charles Laughton et Ella Raines
aussi
"DANCING IN MANHATTAN"
avec Jeff Donell
c4u \
m
O
Jeu. Ven. sam. les'5, 6, 7 avril
YOITRE IN THE ARMY NOW" Jimmy Durante
�'MAiRSHA'LL OlF RiENO" � Wild Bill Elliott, Geo. "Gabfoy" Hayes En pi us: .caricature et chapitre 9 de la s�rie "Black Arrow"
Luri. mar. mer. les 9, 10, 11 avril
"DESTINATION TOKIO" avec Cary Grant, John Garfi�ld
"ORAZY KNIGHTS"
Billy Gilbert, iShemp -Howard et Maxie Rosenbtoom Et derni�res nouvelles mondiales
Th��tre CAPITOL Sudbury
commen�ant � minuit dimanche, lundi � jeudi
Joan Fountaine, Arturo De Cordova
dans
Frenchm�n's Creek
EN COULEURS